Jour 1 :
Ce matin, départ pour la Salento et la vallée de Cocora. On dit au revoir à nos charmants hôtes de Bogota, même si on ne les a que peu vus. On se dirige vers le « terminale transporte ». C’est une station immense. Presque comme un aéroport où des dizaines de compagnies de bus desservent toutes l’Amérique du sud.
Il faut 7h de bus pour se rendre à Almeria et ensuite à peine 2h jusqu’à Salento. Le car en Colombie… comment dire… ça secoue. On fait du 100km/h sur des routes de montagne avec un ravin de centaines de mètres d’un côté, le chauffeur double des camions en prenant la voie d’en face en plein dans les virages. Ça klaxonne à tout va. Fabien aurait presque envie de s’acheter un chapelet (en vente à chaque caisse à côté des chewing gum). Il faut avoir le cœur et l’estomac accrochés. Space mountain à côté c’est tranquille.
Le paysage est beau, c’est très vert avec toutes sortes de végétation. Pour nous, c’est la première fois qu’on voit des palmiers dans la montagne. Le long de la route on croise de nombreux restaurants remplis de locaux venus des petits villages aux alentours. On fait aussi la connaissance de Carlos, un colombien qui a fait ses études en Argentine et s’apprête à ouvrir un restaurant à Almeria. Il nous propose des comprimés contre le mal des transports, ça aurait dû être un signe… et nous donne plein d’informations sur les endroits à visiter et les plats à tester (surtout de la viande hein)…. première belle rencontre.
Arrivés à Salento, on se dirige vers notre hostel. En fait c’est plutôt un appartement que l’on partage avec d’autres voyageurs, il y a 3 chambres au total et une petite terrasse au fond, que nous avons beaucoup appréciée. Le soir on décide de manger à l’appart, c’est la première fois qu’on peut manger ailleurs que dans un resto depuis qu’on est arrivés alors on profite. À la fin de la soirée nous faisons connaissance avec Lauren (française) et Peter (hollandais), nos colocs, qui visitent la Colombie depuis plus de 5 semaines. Ils nous proposent d’aller prendre une bière et de tester le « tejo », un jeu typique en Colombie. Le principe c’est de lancer des pierres sur une cible en argile sur laquelle est déposé un cercle en métal et des petits papiers en triangle remplis de poudre à canon. Apparemment ce jeu existait depuis très longtemps en Colombie mais ce sont les espagnols qui ont ajouté la poudre à canon lorsqu’ils sont arrivés. Fabien gagne une des 2 parties et moi je réussis à faire des étincelles (hahaha) avec un de mes lancers. On s’en sort pas mal pour une première fois. Malgré la fatigue du voyage on a passé une super soirée, c’était vraiment sympa de découvrir ce jeu à l’improviste. Le bar « los amigos » dans lequel on a joué était très typique lui aussi.
Jour 2 :
Le lendemain matin, visite de la finca Momota, une ferme de café tenue par Uri, un espagnol originaire de Barcelone et qui a passé 8 ans dans l’industrie des hôtels 5 étoiles aux Caraïbes avant de venir réaliser son rêve en Colombie. Il a repris la ferme depuis 18 mois et nous explique comment il a mis en place la perméaculture afin de produire son café de façon équitable et respectable. En plus de ses 500 plans de café, il a planté des bananiers pour enrichir le sol en potassium ou encore des arbres qui éloignent les mauvaises herbes. C’est un travail titanesque, il faut attendre que la nature fasse son œuvre mais Uri est un passionné et a de nombreux autres projets en parallèle de la production de café, par exemple, monter un atelier d’apprentissage des techniques de torréfaction ou encore aménager des cabanes au milieu de sa ferme pour permettre aux visiteurs de se reposer pendant quelques jours en pleine nature et sans wifi (bin de toutes façons ce n’est pas comme si le wifi marchait vraiment à Salento). On s’est dit qu’on reviendrait d’ici quelques années pour profiter de ce havre de paix.
Après la visite de la ferme, place à la dégustation de café (on attendait ça depuis 2h). On se passe les bocaux remplis de différentes graines de café (Arabica et Robusta, roasted ou pas) et on apprend à détecter les différentes saveurs avant de pouvoir enfin déguster le résultat ! L’odeur est incroyable, à côté le café que l’on consomme en Europe sent le plastique brûlé… On repart donc avec plein de nouvelles connaissances ! Ce qui est top c’est que nous n’étions que 6 pendant la visite, cela nous a permis d’avoir de vrais échanges et de poser toutes les questions que l’on voulait.
Sur le chemin du retour, un petit chien se noue d’amitié avec Fabien, il nous suivra jusqu’à l’entrée de notre rue, il aurait aimé l’adopter mais il ne serait pas rentré dans le sac… Nous avons aussi 2 autres chiens qui montent la garde devant notre appartement, ils passent leur journée à dormir et semblent faire partie du village.
L’après midi il fait un temps effroyable, une pluie tropicale pendant des heures mais avec le froid en plus. On se réfugie donc dans les magasins d’art artisanal de la rue principale et, attirés par l’air de guitare d’un musicien colombien, pour se réchauffer on décide de s’arrêter dans un café pour prendre un chocolat chaud. Le goût est très différent de celui que l’on boit en France. On dirait que le cacao est dilué dans de l’eau chaude. Fabien tente la spécialité locale, le « chocolate con queso »… en gros c’est une part de feta qu’on trempe dans son chocolat. Perso je ne suis pas convaincue…
Jour 3 :
Après une soirée assez déprimante sous la pluie, on se réveille tôt pour partir à la découverte de la vallée de Cocora, la raison principale de notre venue ici. C’est une jeep qui nous emmène jusqu’à la vallée depuis Salento, le trajet est assez rapide. Et voilà, c’est parti pour une randonnée de plus de 5h ! On commence par longer les champs en bas de la vallée puis on s’enfonce petit à petit dans la jungle. Le terrain est assez glissant étant donné qu’il a plu toute la nuit mais on est bien équipés. Je bénis le jour où on a décidé d’investir dans des chaussures en goretex.
Le long du chemin on traverse les rivières et les cascades à l’aide de pontons en bois, parfois même juste d’un tronc posé en travers de la rivière. Indiana Jones en mieux.
Au bout de 2h30 de marche, on atteint « la casa de los colibris », une maison en bois perchée en hauteur et près de laquelle on peut admirer des colibris. Ils volent si près de nous qu’on peut sentir l’air lorsqu’ils passent à toute vitesse.
En redescendant on prend la direction de « la Montaña ». On comprend assez rapidement pourquoi ça s’appelle comme ça… l’altitude n’aide pas, on s’essouffle rapidement. On réussira quand même à dépasser des français, des allemands et des américaines… fierté personnelle. Arrivés là haut, nos efforts sont récompensés. Le chemin mène à une petite ferme entourée de fleurs avant de descendre dans la vallée des palmiers. Le paysage est grandiose, les palmiers se hissent à des dizaines de mètres. L’herbe est d’un vert éblouissant (il faut bien que toute cette pluie serve à quelque chose) et les nuages recouvrent les hauteurs de la montagne, faisant évoluer le paysage à chaque minute.
Après 2h d’admiration, nous reprenons la jeep pour rentrer à Salento. On mange quelques fruits et on part pour le mirador pour voir le coucher de soleil (il faut croire qu’on n’avait pas assez fait de montée pour la journée). En chemin on rencontre Albert et Marc, 2 espagnols qui ont rejoint l’appartement le lendemain de notre arrivée. Pour finir cette journée en beauté, et parce qu’on est morts de faim, on part manger un curry dans le restaurant de notre hostel. C’est délicieux et la vue depuis la terrasse est agréable. On se couche tôt car on reprend déjà la route le lendemain.
Ce qui nous a marqué à Salento :
Le trajet en bus – on sait à présent d’où vient l’expression « la mort au tournant »
L’air pur, on respire tellement bien ici !
Le tejo et les étincelles lorsque la poudre des petits papiers explose
La bière Poker, dégustée chaque soir de notre séjour
Les chiens qui dorment à chaque coin de rue (ils ont l’air en bonne santé)
La nature si verte et si sauvage
L’humidité et le froid (on a rêvé de la côte des Caraïbes plusieurs fois)
Les belles rencontres que l’ont a faites sur place
Despacito, ça passe aussi ici… alors qu’ils comprennent les paroles !
C’est toujours passionnant de vous suivre, on se sent nous aussi Indiana Jones !
Je vois que 30 ans après, les voyages en car en Colombie sont toujours aussi périlleux….
Moon et Tony Bird