Bagan est une destination rêvée pour tous les passionnés de culture et les amateurs de levers de soleil. Cela tombe bien pour nous !
Nous arrivons à Bagan depuis le lac Inlé après 6h de bus. Pendant le trajet nous avons le « plaisir » de découvrir les clips locaux diffusés sur MTV Myanmar et croyez-nous, ça vaut le détour. C’est très naïf, voire – n’ayons pas peur des mots – carrément niais. Toutes les chansons content des histoires d’amour. On est dans un univers très bisounours avec des sourires, des cœurs et des joues qui rougissent. Ambiance Poetic Lover. Parfois ça finit mal et ça tourne aux larmes… Quant aux chorégraphies, c’est assez déroutant et on est encore loin de Mickaël Jackson.
En arrivant à l’hôtel, il est déjà tard et nous n’avons pas le temps d’aller voir le coucher de soleil. On prévoit de se réveiller tôt le lendemain matin à la place.
Il y a 3 principaux villages autour de Bagan : Nyaung U, Old Bagan et New Bagan. Old Bagan est en plein cœur de la vallée mais il n’y a quasiment que des hôtels de luxe. Avant c’étaient les habitants qui occupaient cette partie du terrain mais ils ont été déplacés à New Bagan afin de préserver la zone des temples. Enfin c’est le discours officiel.
Le grand intérêt de Bagan, au-delà de l’aspect culturel, ce sont les levers et couchers de soleil à admirer depuis les temples. Avant c’était possible très facilement mais depuis octobre dernier, il est interdit de monter sur les temples pour des raisons de sécurité et de préservation. Un tremblement de terre a endommagé et fragilisé nombre d’entre eux en 2016 et une touriste américaine est morte… On en reparle à la fin de l’article.
Premier jour, réveil à 5h30. On loue un scooter à l’hôtel et on part en direction des temples, à 5 km de là. Il fait encore nuit et plutôt frais. On ne sait pas trop où aller et on est encore a moitié en train de dormir… Le réceptionniste de l’hôtel nous a conseillé un endroit mais ça n’a pas l’air terrible. On choisit donc de faire confiance à maps.me. L’une des annotations sur la carte indique « best sunrise/sunset view », il n’en faut pas plus pour nous convaincre !
En arrivant sur place, on croise une jeune fille qui se faufile à l’intérieur du temple en question. On décide de la suivre… Des marches à l’intérieur du temple nous mènent jusqu’à une grille que la jeune fille est en train d’escalader. Ce n’est pas facile en pleine nuit, surtout que le passage est très étroit. Fabien a bien du mal à passer avec ses grandes jambes. Une fois là-haut, nous sommes accueillis avec les félicitations des autres. Il y a une petite dizaine de personnes au sommet, un joyeux mélange entre américains, canadiens et français.
Le ciel s’éclaire petit à petit et se colore de rose… Au bout de 30 minutes de patience, on aperçoit le soleil pointer à l’horizon. Nous sommes tous silencieux et admirons le spectacle qui se déroule devant nos yeux. Un peu plus tard, de petites taches rondes apparaissent au loin sur la droite. Ce sont les montgolfières !Les ballons s’approchent assez près de nous, ils sont une dizaine à survoler les temples. Le dernier semble en difficulté car un peu en retrait, on se demande si on doit être triste pour les passagers ou si c’est une version survol de luxe avec une demande en mariage à la clef (apparemment cela arrive souvent). Le lever de soleil était déjà magnifique, mais là c’est un moment magique… Certains ballons passent devant le soleil et on croirait voir une éclipse.
Vers 7h30 nous faisons le chemin arrière en nous aidant les uns les autres avec la partie escalade et nous rentrons prendre un bon petit déjeuner à l’hôtel avant de repartir explorer les temples.
C’est ainsi que nos 3 prochains jours vont s’organiser : lever de soleil, visite des temples jusqu’à 13h, déjeuner et sieste (il fait vraiment trop chaud entre 13h et 16h) puis coucher de soleil.Les couchers de soleil sont généralement moins beaux que les levers car le ciel est très couvert, on dirait qu’une sorte de brouillard cache l’horizon et le soleil disparaît de notre vue bien avant de s’aligner avec la terre.
Le deuxième jour, nous prenons part à une visite guidée organisée par l’un des hostels de New Bagan. Nous ne séjournons pas dans l’hostel en question mais à priori c’est facile de s’incruster et ce sont nos amis rencontrés le 1er matin au sommet du temple qui nous l’ont recommandé.
Pendant 5h, nous nous arrêtons dans les pagodes et remontons le temps. Quarante-cinq rois se sont succédés à Bagan, ce sont eux qui ont fait de la plaine de Bagan ce qu’elle est aujourd’hui en faisant édifier les temples. Il existe en réalité 5 types de monuments : des stupas, des pagodes, des temples, des ordinations halls et des monastères.
Les petits temples (ceux avec des numéros) ont été construits par les habitants alors que les grands temples (ceux avec des noms) ont été construits par les rois. Ces derniers étaient édifiés en moyenne en 3 ans, c’était bien plus rapide que nos châteaux en France ou encore les pyramides des pharaons. La majorité datent de la période de gloire de Bagan, entre le 11ème et le 13ème siècle. Par la suite la région a connu des difficultés liées au manque d’agriculture (à cause de la superficie occupée par les temples) et le royaume a été envahi par les mongoles et leur chef Kubilai Khan.
Parmi les temples les plus importants que nous explorons se trouvent : Ananda, Shwezigon, Htilominlo, Sulamani… mais en réalité ils sont tous beaux et les petits renferment parfois des trésors comme des peintures et des sculptures très bien préservées.
Nous admirons des dizaines et des dizaines de statues de Bouddha et retraçons son histoire à l’aide des quelques peintures qui décorent les murs des temples. Bouddha n’a pas toujours été Bouddha. Avant il était un grand et beau prince nommé Siddhartha et vivait dans un royaume à l’abris de la misère et de la pauvreté. Un jour il va décider de sortir de là pour découvrir le monde et va renoncer à ses richesses pour trouver un moyen de mettre fin à tous les malheurs du monde. Il vivra reclus dans la méditation pendant 7 ans, sera tenté par un méchant qui essaiera de le détourner de sa voie mais il résistera et finira par s’élever.
Nous apprenons à différencier à quel moment il est représenté en train de dormir et à quel autre il est mort (en fait quand il dort il soutient sa tête avec sa main et des pieds sont tendus, c’est simple mais il faut le savoir). Souvent, les sculpteurs lui ont attribué des formes féminines (hanches, pommettes, ongles peints en rouge…) car on savait que le prince Siddhartha était très beau et à cette époque la beauté était liée aux femmes (clairvoyants ces artistes…).Après le déjeuner, nous nous arrêtons dans un monastère. C’est le moment de la sieste et une cinquante d’enfants est rassemblée dans une grande salle, certains dorment, d’autres regardent la télé. Fabien joue avec certains d’entre eux qui ont l’air ravis d’avoir un nouveau compagnon de jeu. Nous apprenons par la suite que ces petits garçons sont tous orphelins et qu’ils ont été envoyés au monastère afin de recevoir une éducation. Par la suite ils pourront choisir s’ils décident de rester moines ou s’ils préfèrent rejoindre la vie civile. S’ils font ce choix, ils ne pourront plus manger ni regarder la télé après 12h… Pas marrant. Il existe le même genre de monastère pour les petites filles. Cela nous ramène à la réalité, l’espérance de vie est bien moins élevée que dans nos pays occidentaux.
Le coucher de soleil ce jour là n’est pas mémorable. Le soleil disparaît très tôt donc nous ne restons pas.
Le dernier jour, nous trouvons un temple plus tranquille afin de rester sur le meilleur souvenir possible.
Il faut savoir que l’on prend quand même quelques risques en grimpant en haut des temples : dans certains escaliers on croise des nids de guêpes, à d’autres moments on escalade des barrières à picots en pleine nuit… Mais le jeu en vaut la chandelle.
Ce matin là, les temples sont encore dans la brume et se détachent au milieu des arbres verts de la vallée. La douce lumière du soleil vient petit à petit réveiller le paysage. Le temps s’arrête et le silence est roi. Alors qu’on luttait contre le sommeil il y a encore quelques minutes, on savoure chaque seconde de ce fabuleux spectacle. Les ballons s’élèvent progressivement vers le ciel, ils flottent. Certains passent au dessus de notre tête et s’approchent tellement que l’on peut apercevoir les passagers à bord de la nacelle. C’est assez drôle comme moment car nous ne sommes pas censés nous trouver là. En contre bas on aperçoit des écureuils qui se promènent sur les toits des stupas. C’est un moment inoubliable.Pour ceux qui ne souhaitant pas escalader les temples, une grande tour moche a été construite par le gouvernement (on a du mal à voir comment une tour pourrait remplacer 2 000 temples…) et bien sûr l’entrée est payante. Ça, c’est en plus des 25 000 kyats (20€) par personne dont on doit s’affranchir en rentrant dans Bagan.
Nous sommes un peu partagés, d’un côté nous sommes pour la préservation du patrimoine et pouvons comprendre l’interdiction, d’un autre, celle-ci a l’air de satisfaire uniquement les riches entrepreneurs étrangers et le gouvernement.
Les temples ont à la base été construits pour que les hommes y montent puisque des marches mènent à leur sommet. Il suffirait juste que certains aménagements soient prévus afin de protéger le patrimoine et d’assurer la sécurité des visiteurs. Cette interdiction est un fléau pour les locaux qui avaient pour habitude de s’installer aux pieds des petits temples pour vendre leurs marchandises. Aujourd’hui, la majorité de ces derniers sont désertés (souvent on visite uniquement les principaux et on réserve les petits pour admirer le lever et coucher de soleil) et ils ont bien du mal à vivre de leurs maigres revenus.
Les temples de Bagan ne sont pas encore classés au patrimoine de l’Unesco car les travaux entrepris après le dernier tremblement de terre n’ont pas été faits dans un total respect de l’histoire. De nouvelles restaurations sont cependant en cours afin de rattraper ces erreurs et le site pourrait figurer sur la liste en 2019.Bagan restera une étape imprégnée de beauté et de magie pour nous. Maintenant, nous avons hâte de découvrir les trésors d’Angkor !