Le voyage pour arriver jusqu’ici à été un peu mouvementé. Nous pensions avoir pris un bus direct depus Hoi An et en avoir pour 10 heures gros maximum. Finalement notre bus a décidé de nous laisser sur le trottoir à Nah Trang à 4h30 du matin… Bien sûr à cette heure, aucun magasin ou café n’est ouvert, nous avons donc attendu par terre pendant plus de 4h. Oui, car le second bus qu’on nous avait annoncé à 6h30 est finalement arrivée à 8h30. Nous avons ensuite mis plus de 4h à rejoindre enfin Dalat, soit un petit périple de 19h. On ne nous y reprendra pas. Nous bénissons le moment de notre arrivée à l’hotel, un endroit cosy et charmant. La ville de Dalat est perchée en haut des montagnes et bénéficie d’un climat favorable par rapport au reste des villes du sud du pays. Ce sont d’ailleurs les français qui ont créé cette ville afin d’en faire un lieu de villégiature pour les colons. La culture de fruits, légumes et fleurs y est très développée en raison de ce climat si particulier et de nombreuses serres entourent la ville.
Dalat est un peu différente des autres villes du pays, ici on ne trouble aucun feu de signalisation (à cause des démarrages en côte jugés trop difficiles), pas d’air conditionné dans les maisons (car il ne fait pas trop chaud) et aucun tuktuk (encore à cause des montées).La ville à plusieurs point communs avec Paris, elle est surnommé par ses habitants « la ville lumière » en raison de ses nombreuses serres illuminées la nuit, et aussi « la ville de l’amour » car de nombreux couples viennent prendre des photos dans les jardins fleuris. La comparaison s’arrête là, c’est une ville sympa mais n’exagérons rien. Ah et ils ont une Tour Eiffel aussi !
Nous ne sommes restés que 2 jours sur place mais avons eu le temps de faire de nombreuses découvertes.
La Crazy House
Elle porte bien son nom. C’est une maison aux ramifications sans fin, construite par une architecte vietnamienne. Cela rappelle les constructions de Gaudi à Barcelone, mais dans un univers encore plus fantastique et hallucinant. On se promène entre les différentes pièces et parties de la maison via un réseau d’escaliers infinis, qui se rejoignent à plusieurs endroits stratégiques. Parfois on se perd, c’est un vrai labyrinthe ! Certains escaliers montent tellement hauts qu’on en a le vertige, mais la vue qu’ils offrent sur la ville est plutôt agréable.
Il y a beaucoup de touristes russes sur place, car l’architecte à fait ses études là bas, et certaines chambres d’hôtel ont été aménagées à l’intérieur. Bonjour la tranquillité avec le nombre de touristes qui passe par là chaque jour… La Crazy House est toujours en construction à ce jour, un peu comme la Sagrada Familia.
Le marché nocturne
Comme chaque ville d’Asie qui se respecte, Dalat possède son marché nocturne. Ici les fruits et légumes sont plus nombreux et plus variés que partout ailleurs dans le pays, on trouve même des fraises et des artichauts. Il y a aussi beaucoup de grillades et de beignets.La gare ferroviaire
La gare de Dalat est connue car elle a été copiée sur celle de Deauville-Trouville. Les français ne se sont pas foulés en arrivant sur place… Les trains ne sont plus en circulation aujourd’hui mais certains spécimens sont exposés à l’intérieur et ont été aménagés en cafés. C’est aussi un haut lieu du selfie. On ne compte plus le nombre de poses et sourires peu naturels qui ont défilé sous nos yeux. En Europe le selfie existe mais en Asie c’est d’un tout autre niveau, ici les pubs pour smartphones mettent toutes cela en avant…
La vie locale dans la campagne aux alentours
Nous avons passé le plus clair de notre temps dans la campagne aux alentours de la ville. Le premier jour, nous avons suivi un guide pas comme les autres qui nous a emmené faire un tour secret afin de découvrir les richesses de la vie locale.
On commence fort avec la visite d’une cricket farm, où des milliers de criquets sont élevés à des fins culinaires. Pendant les périodes difficiles, les criquets ont constitué un aliment de base pour les habitants des campagnes en raison de leur apport élevé en protéines. L’aliment du futur ? Leur consommation est toujours d’actualité, ici ont les consomme un peu comme des chips car ça croustille (je fais la grimace en écrivant ces lignes).
Fabien a été courageux et s’est lancé dans la dégustation de ces insectes alors qu’il n’était même pas 10h. Il a presque trouvé ça bon (à bon entendeur).
On continue dans les insectes et on visite une usine à soie. Personnellement j’ai trouvé ça cruel, on laisse les vers faire leur cocon et on les ébouillante juste avant qu’ils ne deviennent des papillons. Les conditions de travail des ouvriers ont aussi l’air d’être difficiles en raison de la chaleur, de l’humidité et des fumées (l’usine fonctionne au charbon à bois afin de produire sa propre électricite car cela permet de faire des économies…).
Le midi nous faisons le tour du marché. Comme nous, les vietnamiens viennent de préférence le matin afin d’acheter les produits les plus frais possibles. Sauf qu’eux y vont tous les jours, pas seulement le samedi. On passe rapidement à côté du stand de viande qui nous dégoûte (entre les oreilles, les museaux, les yeux et j’en passe, la nausée vient rapidement). Et on termine par une dégustation de pâtisseries locales. La plupart sont préparées avec du riz gluant et du sirop de palme ou de coco. Nous sommes séduits par les Moon Cake, de petits gâteaux préparés lors du festival dédié à la lune au mois d’octobre. C’est un peu l’équivalent de notre bûche de Noël ici.
Un peu plus loin, avec les stands de vêtements, on trouve des stands vendant des faux billets et autres articles en papier. Ces derniers sont destinés aux célébrations pour les morts. Lorsqu’une personne s’éteint au Vietnam, on brule de l’argent et même des vêtements ou des maisons en papier afin de l’aider à passer dans l’autre monde. Nous apprenons qu’au Vietnam les anniversaires (jours de naissance) ne sont pas importants, mais que l’on célèbre tous les ans le jour de la mort de ses proches.Nous déjeunons dans une pagode et rejoignons le cœur du village dans l’après-midi. Nous partons à la rencontre des habitants avec l’aide de notre guide qui a grandit dans la région et connaît bien la langue locale. Ce n’est pas du tout la même que celle que nous avons l’habitude d’entendre jusqu’à présent, c’est un dialecte totalement à part. Les habitants vivent de leur travail dans les plantations de café, les hommes travaillent jusque tard le soir alors que les femmes rentrent plus tôt dans l’après-midi afin de préparer le repas du soir.Après quelques minutes, une femme accepte de nous montrer sa maison et de nous parler de sa vie au village. Au départ elle est très méfiante car elle nous prend pour des américains. Notre guide lui explique que nous sommes européens (en plus de nous, il y a 2 hollandaises et un couple d’allemands) et que nous n’avons rien à voir avec les USA. La guerre est encore très présente dans l’esprit des habitants et les rancœurs persistent.
Au fur et à mesure que nous discutons (notre guide se charge de traduire), d’autres femmes du village nous rejoignent avec leurs enfants. Elles parlent très fort et parfois on a l’impression qu’elles s’énervent. En fait c’est simplement leur façon de parler ici mais sur le moment c’est impressionnant. Dans ce village, ce sont les femmes qui ont le pouvoir : elles choisissent leur mari et versent de l’argent à sa famille afin qu’il vienne vivre dans leurs maisons. De la même façon, ce sont les filles qui héritent et non les garçons. L’une des femmes présentes nous confie sa tristesse de n’avoir eu que des garçons car aujourd’hui ils sont tous partis habiter chez leur femme et elle se retrouve seule avec son mari. Les maisons de retraite n’existent pas dans le pays et ce sont aux enfants de prendre soin de leurs parents.
Malgré ces points positifs pour les femmes, les filles sont mariées très jeunes (souvent par arrangement) et ont des enfants bien trop tôt. L’une d’elle, qui se trouve avec nous, à 14 ans et porte déjà un bébé dans son dos… Nous passons de longues heures avec elles, elles nous font goûter à leur vin préparé maison à base de riz fermenté, nous montrent comment elles tissent à partir des fleurs de coton… Nous ressortons de là à moitié sourds (elles parlent vraiment très fort) mais très touchés d’avoir eu la chance unique de partager un peu de leur quotidien et de mieux comprendre leurs traditions. Bien entendu les traditions sont très différentes d’un village à un autre et la vie dans les grandes villes comme Hanoi ou Ho Chi Minh est beaucoup plus proche de notre mode de vie d’occidentaux.
Les waterfalls
Les cascades sont nombreuses dans les montagnes autour de Dalat. La plus renommée, Elephant Falls, est aussi la plus fréquentée. Un chemin permet de descendre jusqu’au pied de la cascade en longeant la roche. On peut dire que ça éclabousse !
La légende raconte qu’une jeune fille venait chanter tous les soirs en haut de la cascade et que sa voix attirait les animaux de la forêt qui venaient l’écouter. Un jour, un jeune homme d’un village voisin tombe amoureux d’elle en l’entendant. Cet amour impossible provoque la colère des chefs des 2 villages qui les empêchent de se revoir lorsqu’ils apprennent la nouvelle. Le jeune homme est alors envoyé à la guerre et meurt. La jeune fille, inconsolable, le suivra peu de temps après. Tous les animaux qui venaient écouter la jeune fille pleurent à leur tour et finissent par mourir. Le dernier d’entre eux étant un éléphant. C’est en quelque sorte un Roméo et Juliette mixé avec du Pocahontas et du Livre de la Jungle (chacun ses références).Le lendemain, n’ayant pas eu notre dose de cascade, nous louons un scooter et décidons de nous rendre à à Tiger Falls. Après 10 km, la route de transforme en chemin, puis en piste. La pente est assez raide et de nombreux cailloux nous obligent à slalomer. À la fin cela devient carrément du rallye, si bien qu’on se demande comment les autres font pour arriver sur place sans encombre. On découvre quelques minutes plus tard que l’accès à la cascade est en fait fermé pour travaux. Sans blague. Les gardiens du parc nous laissent néanmoins descendre pour admirer la cascade et nous profitons de ces quelques minutes privilégiés totalement seuls au milieu de la nature. Sur le chemin du retour nous admirons le dégradé de couleurs qu’offrent les champs qui se mêlent aux serres dans la vallée. Cela fait quand même beaucoup de plastique dans le paysage…Nous quittons Dalat le soir même et reprenons un bus de nuit (oui encore un) pour rejoindre Can Tho, dans le delta du Mékong.