Après un trek de 2 jours dans la montagne, nous voici arrivés sur les rives du Lac Inlé. Nous avions prévu de rester 2 jours sur place et avons finalement prolongé notre séjour d’une journée supplémentaire.
1er jour : découverte des lieux
Nous sommes sortis tard hier soir et ne sommes pas dans une forme olympique, ce sera donc une journée cool.
Après une matinée passée dans le jardin de l’hôtel et un déjeuner dans une crêperie (le riz c’est cool mais on n’est pas loin de l’overdose), nous passons notre première journée à nous balader à vélo dans la campagne autour du lac. On longe des champs et des rizières, on traverse de petits villages… Certains cultivent des fleurs dans leurs jardins, d’autres des bananes, les paysages sont très colorés. Nous croisons aussi beaucoup d’enfants qui jouent dans la rue, ce sont les grandes vacances ici !Au bout d’un moment nous arrivons devant la Shwe Yan Pyae Pagoda. On laisse nos vélos à l’entrée (ici les anti-vols cela n’existe pas et puis on est devant un temple quand même…). Des stupas blanches et dorées se dressent dans la cour autour d’une pagode en bois. Nous décidons de rentrer à l’intérieur et tombons en plein milieu d’une séance de méditation. De jeunes moines, visiblement très concentrés, récitent leurs textes pendant de longues minutes. Des petits chats se sont allongés aux pieds de certains enfants, profitant du calme ambiant. Il y a très souvent des chats dans les monastères et les pagodes (des disciples de bouddha sans le savoir ?).
Nous rentrons en admirant la lumière du soleil qui se couche sur les rizières et les toits des pagodes qui bordent la route.
Ce soir nous dînons à nouveau dans un restaurant indien, mais pas n’importe lequel ! Notre hôte, renommé Stan par lui-même, se dit être le plus grand fan d’Eminem. Au début on se demande franchement où on a mis les pieds et puis on se prend vite au jeu. On sait que la cuisine est bonne car ce resto nous a été conseillé par Lara et Philipp, le couple de suisses rencontrés à Hpa An. Le type nous distribue les menus en esquissant des mouvements de rap, on est fans. L’attente sera un peu longue (plus d’une heure) car Stan est plus occupé à chauffer la salle qu’à aider sa mère en cuisine, mais nous ne serons pas déçus. Nos plats sont délicieux, doux et épicés en même temps, plein de saveurs. Stan signe l’addition avant de nous la remettre, c’est un peu comme un autographe je crois. Nous quittons les lieux avec un fou rire !2ème jour : balade en bateau
Nous avons longuement hésité avant de faire un tour en bateau sur le lac car avions lu pas mal de mauvaises critiques : c’est une arnaque aux touristes, les pêcheurs sont des comédiens, les produits vendus dans les marchés sont fabriqués en Chine…
On a finalement décidé de le faire quand même, les balades à vélo c’est sympa, mais on ne voit pas vraiment ce qui se passe sur le lac. Nous partageons notre bateau avec Philippe, un français qui a vécu plus de 16 ans en Guyane. Il profite de sa retraite pour voyager autant que possible, comme notre ami Laze.
À 7h30 nous sommes déjà à bord et commençons notre voyage sur le lac. Le soleil n’est pas levé depuis très longtemps et une pale lumière rose inonde le ciel. Le bateau glisse tout doucement sur l’eau, on se croirait au milieu d’un songe… C’est comme si le paysage était endormi et se réveillait. Nous apprécions ce moment comme jamais.
Au loin, nous apercevons des pêcheurs qui étendent leurs filets et tapent sur l’eau avec leur rame pour attirer les poissons. Ils ont l’air de se donner du mal et ne font pas du tout attention à nous, d’ailleurs nous sommes trop loin pour qu’ils puissent reconnaître si nous sommes des locaux ou des touristes.Au bout d’une heure, nous faisons un premier arrêt au marché du jour ! Un système de roulement à été mis en place autour du lac et chaque jour de la semaine le marché se déplace à un autre endroit. On appelle ça le « five day market ». Notre guide nous conseille gentiment de dépasser les premiers stands destinés aux touristes afin de découvrir le vrai marché, celui où les locaux viennent s’approvisionner. Il est 9h et l’ambiance bat son plein : les vendeurs interpellent les passants, les dames se faufilent avec leurs paniers remplis de fruits et légumes, des familles prennent leur petit déjeuner tandis que de jeunes garçons en profitent pour se faire couper les cheveux chez le coiffeur local (Fabien a hésité mais il a eu peur de se retrouver avec le dessus des cheveux orange, grosse mode en Birmanie). Les couleurs, les odeurs et les sourires défilent autour de nous.Nous recroisons Constance et Oriane par hasard et nous arrêtons pour discuter quelques instants.
Après le marché, nous passons la matinée à visiter différents ateliers d’artisanat local.
Une fabrique de cigare tout d’abord. Une dizaine de jeunes filles sont assises en tailleur par terre avec tout un tas de panier devant elles, contenant du tabac, des feuilles, de la colle et des pinceaux. Elles roulent de petits cigares qu’elles disposent ensuite dans un boite en bois devant elles. Elles font preuve d’une telle habileté et rapidité avec leurs longs ongles manucurés que c’en est impressionnant. Nous testons un petit cigare à l’anis, c’est super léger ! Bon, étant donné la couche de colle qu’on les a vu ajouter à la fin, ça doit quand même être bien toxique. Chacune des jeunes filles de l’atelier en fabrique 1 000 par jour. C’est artisanal mais c’est quand même du travail à la chaîne… Heureusement, il y a l’air d’avoir une bonne ambiance entre les filles pour rattraper le peu d’intérêt de leur tâche.Un peu plus tard, nous nous arrêtons dans un atelier fabriquant des bijoux et objets en argent. Nous ne savons pas si tous les bijoux dans l’arrière boutique ont été fabriqués ici (j’en doute) mais nous avons vu les ouvriers à l’œuvre pendant un long moment, à fabriquer des bols et des colliers sous nos yeux. Leur technique est très élaborée. Ils chauffent le métal pour le sculpter et passent les lingots d’argent dans un laminoir pour en faire des fils qui serviront à fabriquer les chaînes des bijoux. De nombreux jeunes travaillent ici, ils utilisent des techniques traditionnelles tout en écoutant de la musique avec une enceinte bluetooth, c’est un drôle de mélange !Nous faisons un petit détour par un atelier de fabrique de bateaux (on ne risquait pas d’en rapporter un en souvenir), ici on fabrique et on rénove aussi. Pas question de jeter un vieux bateau dont la coque serait en mauvais état. La sciure résultant de le découpe du bois est utilisée comme base pour réaliser les joints entre les différentes planches et pour colmater les brèches, rien ne se perd.
Au fil de l’eau, nous traversons des villages flottants et observons la vie des locaux. Tout le monde se déplace en bateau : les hommes transportent leurs marchandises, les mamans emmènent leurs bébés et leurs enfants…
Certaines maisons ont l’air modernes à l’intérieur et la plupart sont décorées avec soin : rideaux brodés aux fenêtres, petits pots de fleurs à l’entrée… Nous sommes intrigués par ce mode de vie et nous posons beaucoup de questions sur leur quotidien : à quoi cela ressemble pendant la saison des pluies, comment font-ils pour changer les pilotis en bois abîmés par l’eau, où vont leurs eaux usées (on a bien peur que ce soit un aller direct dans le lac)… Nous croisons aussi de nombreux habitants qui prennent leur douche directement dans le lac. Les femmes se cachent derrière leur paréo alors que les hommes sont en caleçon, ils se munissent d’un sceau et d’un savon et c’est parti ! Cela à l’air d’être encore très rependu ici car nous avons assisté à cette scène à de nombreuses reprises. Les gens vivent encore avec les moyens du bord, sans se poser trop de questions.
Une partie du lac est aussi consacrée à l’agriculture, on appelle cela les jardins flottants. Les agriculteurs se déplacent en bateau entre leurs différentes cultures (principalement des légumes). De petites cabanes en bois sur pilotis sont disséminées ça et là, afin de les abriter de la chaleur pendant la journée.
Nous déjeunons dans un des restaurants situé sur les berges du lac, au milieu d’un petit jardin. Nous sommes les seuls clients et c’est très calme, nous sommes étonnés des prix qui sont les mêmes qu’au village malgré le cadre pittoresque.
Nous tardons un peu mais une après-midi chargée nous attend. Nous allons ensuite jusqu’au bout du lac pour admirer le village d’Indein. C’est un complexe incroyable regroupant des centaines de stupas de toutes les couleurs : certaines sont en marbre blanc, d’autres sont recouvertes de feuilles d’or, d’autres encore sont en brique… C’est impressionnant à voir, on dirait un champs avec des centaines de petites cheminées pointues.
Des stèles se dressent à côté de chacune des stupas, elles rendent hommage à des birmans mais aussi à des australiens, des anglais… C’est le même principe qu’acheter un banc à Paris pour avoir une plaque avec son nom dessus, et bien ici c’est une stupa. Plutôt classe.
En chemin nous passons voir un atelier dans lequel travaillent des femmes girafes. Je suis très mal à l’aise et ne souhaite pas entrer. J’ai l’impression qu’on les prend pour des animaux dans un zoo… Notre guide ne connaît pas bien les coutumes de ces tribunes mais il m’explique que cette tradition se perpétue de mère en fille. Je pense surtout qu’on ne leur laisse pas le choix, j’imagine mal une mère être partante pour imposer une telle torture à son enfant (ces propos n’engagent bien sûr que moi).Nous faisons un dernier arrêt dans un monastère flottant. Des photos d’Aung San Suu Kyi sont affichées sur les murs en souvenir d’une visite qu’elle a effectuée ici. De nombreux petits chats se promènent, leur gamelle de riz les attend sur la terrasse (même régime pour tout le monde). Les appartements des moines se trouvent à l’arrière du monastère, on aperçoit d’ailleurs leurs tuniques sécher au vent sur les balustrades.
En rentrant au village nous passons une nouvelle heure sur le lac, cette fois-ci nous contemplons le soleil baisser à l’horizon, c’est encore un grand moment de beauté et de paix.
Nous sommes impressionnés par la grandeur du lac qui apparaît si petit sur la carte, et surtout par la vie incroyable qui s’est organisée tout autour. Les activités et le quotidien ont vraiment été adaptées précisément pour cet environnement et les habitants ont réussi à relever de grands défis.Nous sommes ravis de ce tour en bateau, ne serait-ce que pour la balade du matin et du soir à admirer la lumière. Cela nous a également permis de nous rendre compte de la vie grouillante autour du lac et du quotidien de ses habitants.
3ème jour : grand tour en vélo (enfin presque)
Nous partons après le déjeuner et enfourchons nos vélos en direction de Kaung Daing, un des petits villages bordant le lac. En chemin nous arrêtons pour monter un grand escalier menant à une pagode. On s’attendait à avoir une belle vue sur le lac mais ce n’est pas terrible, le lac est loin et à la place ce sont les champs brûlés par le soleil qui s’étendent devant nous. Nous poursuivons notre route jusqu’aux hot water, des sources d’eau chaude naturelle. En réalité ces sources se trouvent dans un hôtel de luxe et il faut payer 10€ pour y accéder. Ce sera sans nous, surtout que des sources d’eau chaude quand il fait chaud, on ne voit pas trop l’intérêt (en vérité on a aussi aussi oublié nos maillots de bain…).
Nous arrivons finalement au village et sommes alpagués par l’un des habitants qui tient à tout prix à nous rendre service. Il nous indique des directions dans tous les sens mais ne répond à aucune de nos questions. Nous voulions nous rendre au sommet d’un monastère mais ce dernier nous assure qu’il n’existe pas… Fatigués de tourner en rond et d’être suivis, nous acceptons qu’il nous amène de l’autre côté du lac moyennant quelques kyatts. Il charge nos vélos, sa femme et son petit garçon font également partie du voyage. Elle se protège du vent en rentrant sa tête à l’intérieur de la proue de l’embarcation. Le petit garçon éclate de rire chaque fois qu’un oiseau nous survole, la joie de vivre est palpable ici.Nous nous arrêtons pour déjeuner de l’autre côté de la rive, sur la terrasse d’un restaurant flottant. La nourriture proposée y est très simple mais c’est bon et frais. Et le cadre fait rêver ! Chaque table à un nom de fleur pour aider la serveuse à se repérer : orchidées, roses, nénuphars…Nous reprenons nos vélos afin de nous rendre au Monastery Mam Thouk Forest, un autre monastère dans les hauteurs du lac. Mais en chemin c’est le drame. Le vélo de Fabien s’enraye et il n’arrive plus à avancer. On rejoint le monastère à pieds, de toutes façons la pente aurait été trop raide pour pédaler.
Là encore, la vue est plutôt décevante. Le lac n’apparaît jamais aussi beau que lorsque l’on navigue dessus.
Nous redescendons et tenter d’avancer jusqu’au village suivant pour trouver un réparateur. Fabien s’adresse à plusieurs villageois mais aucun ne parle anglais. Un jeune garçon prend finalement la situation en main et décide d’emmener Fabien et son vélo sur son scooter. Sauf qu’il part un peu vite et me laisse sur place sans savoir où je peux le rejoindre. Je vois le drôle de cortège filer à toute allure…
À ce moment là il est 16h, le plan initial c’était de se rendre à la Red Valley à 17h afin d’admirer le coucher de soleil depuis les vignobles avec un verre de vin à la main. Pendant une heure je pédale et cherche en vain une trace de Fabien. Je regarde dans toutes les maisons que je croise, rien…
Je finis par rentrer jusqu’à l’hôtel en pensant que Fabien y sera mais il n’y a personne lorsque j’arrive. Le soleil se couche et la nuit commence à tomber. L’angoisse monte. On a beau être en Birmanie, c’est flippant de se perdre à l’autre bout du monde sans avoir de moyen de se joindre. À 19h Fabien rentre enfin à l’hôtel. Il me raconte qu’il s’est retrouvé dans le jardin d’un papi réparateur de vélos – ce dernier était en pleine sieste lorsqu’ils ont débarqué avec l’adolescent – et que tous les voisins sont venus assister à la scène. Fabien a ensuite fait demi-tour au village dans lequel nous nous sommes perdus de vue afin de me retrouver, avant de rentrer à l’hôtel. C’est loupé pour le super coucher de soleil et le verre de vin, mais on est quand même bien contents de se retrouver !
Nous avons beaucoup aimé ces 3 jours passés au bord du lac à profiter du calme et de la gentillesse des locaux. Nous sommes en fin de saison en Birmanie et les touristes se font de plus en plus rares à cause de la chaleur, nous avons donc eu l’impression découvrir un lieu encore authentique malgré sa renommée auprès des touristes du monde entier.