Certains d’entre vous savent déjà que nous avons quelques soucis avec la ponctualité… mais cette fois pourtant on avait prévu large ! Plus d’1h pour un trajet de 30 minutes. C’était sans compter sur un accident de voiture sur le périphérique de Medellin, notre chauffeur a pris des raccourcis mais il n’était pas le seul à avoir cette idée, résultat après avoir couru dans toute la gare pour trouver notre lieu d’embarquement, nous avons raté notre bus de 20h15. Par chance, le conducteur du prochain bus est sympa et nous change nos billets gratuitement pour celui de 22h45. Une petite attente de 2h à la gare nous met dans l’ambiance.
Forcément le bus part avec 15 minutes de retard, les mêmes 15 minutes qui nous ont manquées pour avoir notre bus de 20h15. Mais pas de problème. Au niveau des sièges, on a dû prendre des low cost sans le savoir car on découvre qu’a l’étage d’en dessous les passagers sont installés sur des gros sièges en cuir qui ont l’air hyper confortables et ont plein de place. Nous on se contente des sièges traditionnels, on a pris nos duvets pour apporter un peu de douillet à cet endroit dans lequel on va passer la nuit.
C’est parti ! Le conducteur a choisi de diffuser un petit film en espagnol, il met le son très très fort au cas où des gens auraient envie de dormir (non mais et puis quoi encore). Le film se finit vers minuit, soulagement. Mais là on enchaine sur un spectacle comique (en espagnol toujours). Comme ce sont des blagues, ça s’écoute fort aussi !
Au final cela ne dure pas très longtemps (ouf) et on finit par s’endormir.
1h30 : premier réveil d’une longue série. On enchaîne une petite centaine de virages et les premières nausées se rappellent à Alice. Le sac plastique à la main, cela durera 3 heures tout de même, ce qui n’est pas rien je vous assure.
5h : petit arrêt sur la route, on se dégourdit les jambes 5 minutes avant de remonter. Notre voisin de siège, que nous nommerons José pour préserver son anonymat, décide de changer de place et de se mettre devant nous, histoire de se rapprocher un peu. Le problème c’est que José a une toux atroce et qu’il a des quintes qui peuvent durer pendant 15 minutes non stop. Tout cela entrecoupé de raclements de gorge et de crachats. Heureusement qu’on a quitté la région des virages à ce moment là sinon les nausées seraient passées à un stade supérieur. Ce que José n’a pas l’air de comprendre c’est qu’on ne prend pas un bus dans lequel la clim est bloquée sur 17° en étant malade et bras nus… bref, un détail.
7h du matin : autre arrêt. José a faim et décide de prendre un petit plat local qu’il rapporte à l’intérieur du bus. Fabien a quand même tenu à prévenir le chauffeur qu’il manquait José à l’appel avant que l’on reparte. José remercie chaleureusement Fabien qui ne sait pas s’il a eu une si bonne idée. Hummm, les bonnes odeurs de viande le matin. Après tout ça, nous avons droit à une démonstration de « comment se curer les dents avec un sac plastique ». Si si, c’est possible et cela ne coûte rien ! (Juste sa dignité).
9h : il fait jour et on commence à se réchauffer, José tombe la chemise (enfin le polo). Et les chaussures tant qu’à faire. Le chauffeur lui aussi est bien réveillé et lance « Twilight 3 » en espagnol. Un grand moment de cinéma.
11h: le chauffeur décide que le moment est venu de nous mettre un petit peu de « musica ». Au début c’est sympa, tellement sympa que José commence à chantonner. Il connaît toutes les chansons… Pendant 2h il nous fera donc profiter de son talent, entrecoupants ses chantonnement de quintes de toux et de pleurs à la fin…Es un hombre sensible… Ambiance.
On arrive à Carthagene à 13h30 au lieu de 11h, mais c’est presque un détail. Et sinon le wifi n’a pas marché une seconde pendant le voyage, mais c’est pas grave puisqu’on avait des supers films à la TV. Hahaha.
Comme on a pas mal dépensé pour ce trajet (mais si, ça coûte cher de passer une nuit blanche) on décide de prendre un bus local plutôt qu’un taxi pour se rendre à notre hostel. Grave erreur. Nous partons à 14h du terminal de bus et mettrons 2h20 à rejoindre notre hostel. Nouveau chauffeur, nouveau style. Lui en plus de sa petite image de Jesus accrochée au rétroviseur, il a disposé des photos de « charme » pour rester courtois. Il s’arrête sur le côté de la route pour s’acheter une saucisse histoire de grignoter un peu. Ici en fait les arrêts de bus n’existent pas, le chauffeur est accompagné d’un acolyte (un crieur) qui reste au niveau de la porte et hurle en direction des personnes qui se trouvent dans la rue. Ça donne un arrêt toute les minutes à peu près. Son challenge c’est de remplir le bus au maximum, on se prend l’envie parfois de l’aider et regarde là-bas y a deux personnes qui pourraient monter. On est content il est trop fort et n’oublie personne. On se demande si parfois les gens ne montent dans le bus pour ne pas se faire plus aboyer dessus. Évidemment niveau circulation c’est le bordel, notre chauffeur finit par abimer un autre bus. L’autre chauffeur n’est pas content du tout mais qu’à cela ne tienne, un petit billet de 20 000, par la fenêtre, et on oublie tout. Billet provenant bien sur des clients du bus, je ne sais pas comment la compagnie de bus peut contrôler quelque chose mais c’est free style. D’ailleurs est-ce une compagnie ou un mec qui a son propre bus ? Nous ferons tout le tour de la ville, des township, avant d’arriver enfin à notre hostel, soit plus de 20h de voyage au total. Mais le chauffeur nous a bien arrêté à la porta. Naïvement on pensait que c’était à la porte de la ville. Mieux, c’était notre porte. Exténués, énervés de s’être fait balader dans tout la ville, nous descendons du bus. Autant vous dire que la douche (froide) qu’on a prise en arrivant était un moment de grâce.
On doit repartir le lendemain pour Palomino et rien que de penser au nouveau voyage de 7h de bus qui nous attend, on a des frissons. On décide donc de partir dîner dans le centre de Carthagene, histoire de voir un peu à quoi ressemble la ville. C’est à seulement 30 minutes à pieds et on a envie de marcher. Le quartier n’a pas l’air très safe mais on se dit que cela ne doit pas être pire qu’à Bogota ou Medellin… et puis sur les conseils de notre hôte, on a laissé nos sacs à l’hostel. La vieille ville de Carthagene est très chouette la nuit, plein de monde. Fabien manque de se faire refourguer de la coco. L’approche du vendeur était subtile :
⁃ « tu viens d’où ? »
⁃ « Francia »
⁃ » Ahh cool… Coco ? »
Bref on prend quand même un taxi pour rentrer comme il est tard, il nous dépose juste devant la porte et nous dit à plusieurs reprises de faire attention, que c’est un quartier très dangereux… il faut croire qu’on a eu beaucoup de chance à l’aller. Le lendemain, on commande un Uber pour aller jusqu’au terminal de bus (on a déjà donné la vielle question transport local), le responsable de l’hostel nous dit de rester à l’intérieur, que c’est lui qui va attendre notre voiture dehors car c’est trop dangereux pour nous de sortir. Fabien part chercher un croissant et des cafés. Mais à la boulangerie 3 personnes l’on suivit et regarde ce qu’il commande, il n’y a que des croissants au queso, soit. Pour les cafés on essaie de lui vendre à la place des Pony, boisson local un peu comme du Coca Cola, y a peut être de la caféine mais il passe son tout pour le petit déjeuner. Il note aussi qu’en fait la supérette en face de l’hostel n’est pas fermée comme on le pensait depuis la veille, les barreaux sont en fait là pour protéger le vendeur à la caisse… Pour la première fois on ne se sent pas en sécurité alors que jusqu’à présent cela n’était pas arrivé une seule fois.
Notre chauffeur de Uber nous fait passer par un chemin plus court, il pointe du doigt les favélas en nous expliquant que c’est ça la réalité de Carthagene, pas le centre historique ultra luxueux qui est réservé uniquement aux privilégiés et aux touristes. Nous avons prévu de retourner à Carthagene la semaine prochaine pour prendre vraiment le temps de visiter la ville mais savons maintenant à quoi nous en tenir… on logera au centre et nous allons voir cette ville d’une manière un peu différente.