Avant propos : cet article a été intégralement récrit dans un avion à 5h du matin après avoir été effacé par mégarde (les notes sur iPhone c’est vraiment pourri), nous le postons donc avec un peu de retard !
Nous n’avions pas prévu de visiter le canyon de Colca au départ, mais avons finalement décidé de prolonger notre séjour au Pérou afin de nous laisser cette chance. Et quoi de mieux qu’un trek quand on a du temps devant soi ?
Le canyon de Colca est le deuxième canyon le plus profond au monde. C’est un site assez réputé au Pérou et qui accueille de nombreux visiteurs.
Nous avons choisi de faire ce trek en autonomie, sans guide, une première pour nous ! Nous voulions éviter les groupes surchargés de touristes et avons lu sur plusieurs blogs que c’était la solution choisie par de plus en plus de personnes.
Il existe 2 itinéraires possibles dans le canyon, soit on prend le chemin de gauche, soit celui de droite. Celui de droite est emprunté par toutes les agences et tours opérateurs. Nous voulons éviter de revivre la même situation qu’à la Rainbow Mountain donc nous optons pour le chemin de gauche. Nous allons faire un arrêt à Llahuar le premier soir et à Sangalle le deuxième.
Jour 1
Départ tôt, très tôt d’Arequipa. À 3h30. On pourrait croire qu’on commence à être habitués, mais en fait non. La veille, nous sommes allés récupérer nos billets de bus au terminal de transport afin d’être sûrs d’avoir de la place, car aussi incroyable que cela puisse paraître tout le monde part à 3h du matin pour Colca. Il y a 6h de route donc cela permet d’arriver vers 9h sur place.
Au départ tout se passe bien, on profite du trajet pour finir notre nuit. Et puis vers 7h arrive le moment du contrôle des billets. Afin de nous réveiller en douceur, le chauffeur nous met de la musique. Il s’agit d’une sorte de cumbia péruvienne, une vieille femme à la voix rauque crie et pleure en chantant, elle pousse des cris… Une torture. Despacito à côté, c’est du miel pour les oreilles. Nous subirons cela jusqu’à notre arrivée.
A 7h30, nous faisons un stop rapide à Chivay, une petite ville sur notre route. Là on change d’ambiance et on passe en mode bus local. À chaque fois qu’on traverse un village, le chauffeur appuie comme un malade sur son klaxon pour prévenir de son passage. Au Pérou les arrêts de bus n’existent pas, ou très peu, donc on s’arrête plusieurs fois par village. Et il y a beaucoup de villages… Toutes les femmes qui montent portent le même chapeau, un chapeau de toile blanche brodée de fils de couleurs. Il protège le visage du soleil sur le devant et est remonté vers l’arrière. Un peu comme les chapeaux de cowboy. Moi je pense que c’est aussi bien pratique pour cacher ses cheveux sales, mais je suis sûrement mauvaise langue.
Les maisons des villages sont, pour la plupart, constituées de briques de boue et sont protégées par un toit en tôle retenu par des pierres. C’est vraiment spartiate… Dans les champs on voit aussi les hommes labourer la terre à la main. Les conditions de vie ont l’air d’être vraiment difficiles ici.
Un peu plus tard, nous passons devant la Cruz del Condor, un mirador permettant d’observer des condors voler au milieu du canyon. À priori il y en a beaucoup à cet endroit. Des centaines de personnes attendent désespérément le passage d’un de ces oiseaux majestueux, en vain. À ce moment nous sommes bien contents d’avoir choisi de faire ce trek sans agence…
Nous arrivons enfin à Cabanacondes, le lieu de départ du trek, après 7h de voyage. Attendez, on avait dit 6h ? Et bien non, ce sera 7 !
Nous prenons un petit déjeuner sur la place du village, dans le seul restaurant ouvert à cette heure. Nous sommes levés depuis 2h30 du matin et ne nous voyons pas partir directement… Là, nous rencontrons 2 françaises qui viennent de finir le trek, elles sont parties très tôt le matin afin d’éviter la chaleur. On prend quelques informations et elles nous confirment ce que nous avons déjà entendu à plusieurs reprises, la remontée du canyon le 3ème jour est très difficile… Nous avons donc 2 jours pour nous préparer.
Au moment de payer, le serveur renverse du café sur le seul plan que nous possédons du canyon, est-ce un mauvais présage ? Heureusement, nous avions pensé à en faire une photo un peu plus tôt, il ne reste plus qu’à croiser les doigts pour que la batterie de nos téléphones tiennent jusqu’à la fin du trek.
Nous nous mettons en route vers 10h30 et faisons nous aussi un premier stop à un mirador de condors. Sauf que nous ne sommes que 6. Nous restons là quelques minutes mais n’en verrons pas, généralement il faut arriver avant 9h pour avoir plus de chance. Cet arrêt nous permet toutefois de prendre la mesure de l’immensité du canyon et d’apprécier le silence qui s’en dégage.
C’est parti pour 5h de descente, l’objectif du 1er jour est de rejoindre le village de Llahuar localisé en bas du canyon. Le paysage est très différent de tous ceux que nous avons connus jusqu’à présent au Pérou. C’est très aride, presque désertique. Nous croisons de nombreux cactus, des aloe vera et aussi des lézards, de petites mésanges jaunes et finalement des condors !
Nous ne rencontrons en revanche absolument personne sur le chemin, à part un chien et un monsieur dans le village qui se trouve à 30 minutes de Llahuar. On dirait d’ailleurs que ce village a été déserté, les maisons semblent à l’abandon.
Vers 14h30, nous traversons le Rio Colca sur un petit pont et apercevons enfin Llahuar. C’est un petit hameau qui ne compte que 2 auberges. Nous prenons nos quartiers dans notre lodge et admirons la vue depuis la terrasse du restaurant.
L’autre côté du canyon se dresse devant nous et on aperçoit la rivière en contrebas. Nous avons entendu que des sources naturelles d’eau chaude se trouvaient à 10 minutes à pied de l’auberge et comptons bien en profiter. Pas de chance, une averse se déclare au même moment et repousse nos plans de quelques heures. On en profite pour faire une petite sieste. Vers 17h la pluie s’arrête et on se précipite aux aguas calientes ! Les bassins sont encastrés directement dans le lit de la rivière. L’eau est à 39 degrés, un vrai moment d’extase. Cela fait longtemps que nous n’avons pas connu une eau si chaude. Nous observons le coucher de soleil depuis le bassin, c’est un moment magique.
Ensuite, on prend une petite douche froide pour se remettre les idées en place 😉 Les douches et les toilettes sont situées dans de petites cabanes en bambou à l’extérieur. Les murs sont très fins, c’est pratique pour discuter avec son voisin. On peut aussi le voir accessoirement. Et oui le bambou ça laisse passer le jour.
Les conditions ici sont donc assez rustiques, mais le cadre en vaut vraiment la peine.
Le dîner est servi tôt, comme à la montagne, on se cale sur le rythme du soleil. Le repas est local et végétarien pour tout le monde. Nous avons droit à une soupe de légumes et de quinoa en entrée (cela nous rappelle le Salkantay), le plat se compose d’une omelette aux légumes et tofu, de riz et de ragoût de quinoa au fromage. C’est excellent !
On se couche tôt, vers 19h30 et on s’endort au son de la rivière et des cigales.
Jour 2
Nous prenons notre petit déjeuner – de délicieux pancakes maison – en compagnie de Britta et Jan (Yann), un couple d’allemands que nous avons rencontrés pendant nos cours d’espagnol à Arequipa. Le monde est petit…
Eux ont prévu de rester une journée de plus ici alors que nous partons pour Sangalle, un autre village en contrebas du canyon.
Il n’y a que 150 mètres de dénivelé entre Llahuar et Sangalle, nous nous attendons donc à une journée de plat. Grosse arnaque. Nous remontons le canyon pendant près de 2h30 (soit au moins la moitié) avant de tout redescendre.
Sur le chemin nous croisons un groupe de français, ils sont accompagnés par un gros chien roux qui semble leur servir de guide. Il les attend et aboie lorsqu’ils s’arrêtent trop longtemps. C’est un spectacle assez drôle, on se demande jusqu’où il va les suivre.
Après quelques heures, nous faisons une pause dans le petit village de Malata, situé à mi-hauteur du canyon. Fabien en profite pour faire une photo depuis le clocher de l’église.
Des dizaines de champs de cactus entourent le village, nous ne réussirons pas à découvrir quelle utilisation en est faite mais on suppose que ce n’est pas pour les manger.
Il ne nous reste plus qu’une heure avant d’arriver à Sangalle L’Oasis, c’est le nom complet du village, et on comprend rapidement pourquoi. Depuis les hauteurs, on découvre une sorte de poumon vert au milieu du canyon avec une cascade qui coule au centre.
On distingue aussi de nombreuses petites tâches bleu turquoise, ce sont des piscines ! Plutôt motivant pour la fin du trajet 🙂
En arrivant à Sangalle, nous traversons des jardins remplis de fleurs et de palmiers. Nous pensions qu’il s’agissait d’un village avec des habitants mais en fait il n’y a que des hôtels (environ une dizaine). Cela n’enlève cependant rien au charme de l’endroit.
Nous mangeons un sandwich et courons à la piscine de notre auberge. Il se met à pleuvoir au bout de 20 minutes, décidément le temps change rapidement ici. Il y avait un grand ciel bleu à peine 2h plus tôt !
On se repose en attendant le soir, il n’y a pas grand chose à faire ici à part ça (pas d’électricité, pas de wifi…) et vers 17h30 c’est l’heure de l’apéro. C’est un peu tôt mais pour notre défense les autres ont commencé à 15h30, au moment du lancement de l’happy hour. Cela en dit long sur les activités à faire ici…
Pour le dîner, nous décidons de changer d’hôtel, en fait nous n’avons pas prévu assez d’argent liquide pour ces 3 jours et allons dans le seul restaurant qui accepte les paiements en carte bleue (moyennant 8% de frais évidemment).
Nous retrouvons les français croisés sur le chemin un peu plus tôt, ils sont toujours avec le gros chien roux, surnommé Pisco (en l’honneur du cocktail péruvien). On apprend qu’il les suit en fait depuis 3 jours, depuis leur départ de Cabanacondes ! Un sacré trekker ce Pisco. Nous partageons notre dîner avec un autre couple de français (on doit représenter 70% des touristes ici) qui reviennent tout juste de Bolivie et se dirigent vers Arequipa. On s’échange des conseils et des bons plans de voyage.
Le chemin de retour vers notre auberge sera assez chaotique, nous devons traverser une rivière sur une planche en bois en pleine nuit et les chemins sont parsemés de petites pierres qui roulent. Ici tout se mérite !
Nous nous couchons vers 21h30, finalement nous avons passé une sacrée soirée.
Jour 3
Réveil à 5h30, nous voulons partir tôt afin d’éviter les heures les plus chaudes. La veille, en discutant avec les français, nous avons réalisé que la plupart prévoyaient de partir à 4h30. De notre côté nous préférons prendre le temps de prendre un petit déjeuner et partir une fois le jour levé. Le chemin est assez dangereux et nous avons également envie de profiter du paysage.
Nous sommes assez stressés car plus de 1 000 m de dénivelé nous attendent, c’est plus que tout ce que nous avons connu dans nos précédents treks au Pérou.
Nous partons finalement à 7h, notre bus de retour pour Arequipa est à 11h30 donc nous avons de la marge (normalement il faut 3 à 4h pour rejoindre Cabanacondes).
La chaleur se fait déjà sentir et la pente est assez raide mais les 2 premières heures nous semblent moins difficiles que prévues, on voit le sommet se rapprocher donc cela nous motive.
Certains passages ne sont pas évidents, à un moment on croise même une sorte de tombe. Ça rassure.
On alterne les passages à l’ombre à l’abri de la montagne et les passages au soleil avec attaques de mouches et de moustiques.
La dernière heure sera nettement plus difficile, le sommet nous paraît toujours aussi loin alors que nous avançons sans faire de pause depuis le début. Finalement au bout de 2h30 on arrive en haut ! Il nous reste alors 15 minutes à plat pour rejoindre Cabanacondes.
On se prend un deuxième petit déjeuner (on aime bien ça) pour fêter notre victoire et parce que 6h (enfin 7h) de bus nous attendent pour rejoindre Arequipa.
Nous sommes très contents et fiers d’avoir réussi à faire ce trek par nous mêmes. La remontée du dernier jour était assez éprouvante mais nous avons réussi à aller jusqu’au bout. Le canyon de Colca est notre dernière étape après 24 jours passés au Pérou, nous partons ensuite pour Copacabana en Bolivie afin d’admirer le lac Titicaca.
Ce qui nous a marqué à Colca :
La grandeur du paysage et le silence qui règne dans le canyon.
La chaleur, nous n’avons pas eu l’habitude d’y goûter souvent lors de notre séjour au Pérou.
Les aguas calientes à Llahuar, un pur moment de relaxation.
L’isolement et la simplicité dans laquelle vivent les habitants du canyon (pas d’électricité, peu de moyen de communication avec l’extérieur, la difficulté pour s’approvisionner en nourriture et produits de la vie quotidienne – l’âne remplace la voiture ici…).
La remontée du dernier jour, c’est désormais un repère niveau difficulté pour les prochains treks que nous allons entreprendre.
Passionnant, drôle et insolite encore une fois 🙂
Merci Moon et Tony 😉 Contents que le récit vous ait plu !