Rendez-vous à 10h30 au cœur de Lapa pour le début de la visite. Nous apprenons d’abord quelques anecdotes globales sur la ville.
Pourquoi Rio de Janeiro ? Parce que les premiers colons qui sont arrivés ici ont découvert un grand fleuve (Rio) et que c’était au mois de janvier (Janeiro), plus précisément le 1er janvier 1502.
Les habitants natifs de Rio se nomment les Cariocas. D’après notre guide, plusieurs origines sont possibles pour expliquer ce nom :
⁃ Hypothèse n°1 : ce serait le nom donné par les indiens aux premiers portugais qu’ils auraient vu arriver. En effet, en langage indien « cari » signifie « peau claire » et « oka » désigne un « toît ».
⁃ Hypothèse n°2 : il s’agit du nom de la tribu des indiens qui vivaient ici avant que les portugais arrivent.
C’est un peu flou tout ça… Quoi qu’il en soit, les environs du quartier de Lapa ont été les premiers investis par les portugais car c’était le meilleur endroit pour protéger la ville, entre le Rio et la montagne.
Avant le 18ème siècle, le Brésil et la ville de Rio n’intéressaient pas l’Europe plus que ça et la ville ne comptait que 1 000 habitants. Toute l’attention était alors focalisée sur l’Inde et ses précieuses épices. Et puis, revirement de situation lorsque l’on a commencé à trouver de l’or dans la région du Minas Gerais. Soudain Rio, c’est devenu un peu « the place to be ».
Voici dans le désordre les différents points d’intérêts que nous avons visités, ainsi que les anecdotes qui leur sont liées.
Couvent San Antonio
On s’arrête au pied du couvent de San Antonio, un saint célèbre au Brésil. C’est celui qu’il faut prier lorsque l’on veut se marier. Le rituel de prière est assez original : on met une image de St Antonio dans un verre d’eau (c’est pour le réveiller apparemment) et on met ensuite ce verre au réfrigérateur. Au bout de 6 mois, si les résultats escomptés ne sont pas là, on place le verre au congélateur. San Antonio se retrouve donc au milieu des pots de glace et plats surgelés. En somme c’est le principe d’une poupée vaudou. Il s’agit plutôt d’une ancienne coutume mais elle perdure encore certains villages du pays. Aujourd’hui encore, il peut arriver lors d’une soirée que l’on trouve ça dans le frigo en allant chercher des bières, donc pas de panique c’est que votre hôte cherche l’amour.
Petrobras
En face du couvent se dresse le siège de Petrobras, une des plus puissants compagnies pétrolières du pays. Ce building a été classé parmi les 10 buildings les plus moches au monde par le New York Times. Et en effet, de l’extérieur il n’est pas terrible. Je me permets de le souligner au guide mais lui n’est pas du tout du même avis (je me suis encore fait un nouvel ami). En fait, il nous explique qu’à l’intérieur beaucoup d’espaces verts et de balcons ont été aménagés et qu’il répond à des normes écologiques plutôt pointues. Ok. Mais ça ne change pas son apparence extérieure.
Confeitaria Colombo
L’étape suivante se fait à la Confeitaria Colombo, une très belle brasserie de style architectural belge « fin de siècle ». Lors de son ouverture en 1824, elle était le lieu de rencontre de toute la haute société. Le Président de la République qui vivait à Rio à cette époque (Rio était alors la capitale du pays) y venait régulièrement accompagné de son entourage et nombre de décisions importantes y étaient prises de façon informelle.
Chaque fois que les employés savait qu’il arrivait, ils devaient se dépêcher de préparer sa table habituelle. Chacun avait son siège, de sorte qu’on plaçait les politiciens qui ne s’aimaient pas à distance.
La décoration de la brasserie date de 1915, le verre des vitrines vient directement de Belgique tandis que le bois de jacaranda provient du Brésil. Aujourd’hui il s’agit d’une espèce protégée qu’il est interdit de toucher dans les forêts.
Devant les vitrines, on salive devant les nombreuses pâtisseries et spécialités proposées à la vente : pastel en tous genre, tartes, pudim, brigaderos…
Rua Do Ouvidor
Après cette pause gastronomique, on tourne dans la rua Do Ouvidor, c’est une des plus anciennes rues de Rio. Au 18ème siècle elle était au cœur du commerce de la ville et accueillait les principales boutiques. L’Angleterre, qui a cette époque, est en pleine révolution industrielle et a besoin d’argent va ouvrir de nombreux magasins ici. A ce moment, on se s’embarrasse pas encore d’études de marché et les anglais n’ont aucune idée de ce que les brésiliens ont envie d’acheter. Ils commencent donc à vendre la même chose qu’à Londres : des fourrures, des vêtements en laine pour l’hiver… c’est loupé, le Brésil c’est aussi que le Canada mais ici ça ne sert à rien. Ils doivent revoir leur plan marketing.
Arco do telles
Non loin de là se trouve l’ « arco do telles ». Ce arche permet à l’époque la connexion entre les rues commerçantes et le parc principal de la ville. Plus tard, c’est devenu un endroit mal famé et une célèbre prostituée du nom de « Barbara of pleasure » y installât son QG. Barbara était une portugaise très riche qui était venu vivre avec son mari au Brésil. Ici, elle tomba folle amoureuse d’un brésilien et tua son mari pour pouvoir le rejoindre. Après quelques temps, elle découvrit que son amant était en fait surtout intéressé par son argent et elle le tua à son tour. Elle devint alors célibataire et dû trouver un travail, le seul qu’elle trouva fut celui de prostituée. Pour conserver sa beauté et sa jeunesse, on raconte qu’elle inventa un rituel… Elle kidnappait de jeunes enfants vivant dans les rues et les emmenait dans sa maison de campagne. Là, elle les tuait et se baignait dans leur sang. On commença alors à raconter qu’il y avait une sorcière qui rôdait sous l’arche. Elle disparut un jour et on ne trouva jamais son corps… aujourd’hui on recommande toujours d’éviter cette zone au cas où elle y rode encore.
Palais Royal et retour sur l’arrivée du Portugal
On arrive ensuite au niveau du Palais Royal, où la famille royale Portugaise a vécu pendant près de 13 années.
C’est le moment de faire un retour sur le contexte historique…
En 1807 en Europe, Napoléon se bat contre l’Angleterre. A ce moment, le Portugal exporte beaucoup de denrées du Brésil vers l’Europe et le Portugal et l’Angleterre sont de grands alliés commerciaux. Forcément, Napoléon ne voit pas du tout cette alliance d’un bon œil et dit à Jean VI, le régent du Portugal (il a dû assurer le pouvoir car sa mère était atteinte de folie), qu’il veut que cela cesse. Si le Portugal accepte, il lui promet en échange de ne pas envahir le pays. L’Angleterre est mise au courant de cette tentative de corruption et annonce au Portugal qu’elle bombardera Lisbonne s’il s’allie à Napoléon. Gros dilemme pour Jean VI. Devant ce choix cornélien, il prend pas mal de temps pour prendre sa décision. Sauf que Napoléon n’est pas patient, il prend ça pour un non et ordonne à son armée d’envahir le Portugal. Le régent prend alors une mesure qui va changer la destinée du Brésil. Il réunit toutes les personnes importantes et influentes du Portugal et les envoie toutes au Brésil – il est aidé par l’Angleterre dans cette entreprise, en échange celle-ci demandera à pouvoir commercer librement avec le Brésil.
La famille royale arrive à Rio en 1808, le Brésil devient alors un royaume et plus seulement une colonie. C’est une grande première dans l’histoire, il s’agit de la première fois qu’un roi européen vient vivre en Amérique du Sud. Plus de 1 500 portugais arrivent en même temps, doublant ainsi la population de Rio.
Le voyage pour arriver ici à duré plus de 3 mois à bord de bateaux en bois. Les conditions d’hygiène étaient naturellement mauvaises et beaucoup de maladies se sont développées. Les poux ont notamment envahis les têtes de tous les passagers et en arrivant à Rio, ils furent obligés de se raser. Les femmes n’ayant plus de cheveux, elles s’enroulèrent la tête dans des turbans. Les brésiliens, convaincus que que tout ce qui venait d’Europe était le fin du fin, crûrent que c’était de cette façon que les européennes se coiffaient et cela devint une grande mode au Brésil.
L’indépendance du Brésil
En 1821, Napoléon ne s’amuse plus qu’avec des petits soldats de plomb sur Saint-Hélène, Jean VI retourne au Portugal (les portugais commencent à se demander qui dirige leur pays) et laisse son fils, Peter 1er, pour gouverner le Brésil. Après quelques mois, les portugais le rappellent lui aussi au pays mais il ne veut pas partir et décide de rester. On est bien ici quand même ! Le Portugal menace alors de rétrograder le pays à l’état de colonie s’il n’obéit pas et c’est ainsi que Peter 1er déclare l’indépendance du Brésil, le 7 septembre 1822.
Drapeau brésilien
Peter 1er a été en charge du design du drapeau du Brésil. Dans les écoles aujourd’hui, on apprend que le vert du drapeau représente la forêt, le jaune : l’or, le bleu : le ciel et les 27 étoiles les 27 états et constellations.
En réalité, le vert était la couleur qui représentait la famille royale du Portugal et le jaune la famille royale d’Autriche (la femme de Peter 1er étant autrichienne). C’est quand même moins poétique vu comme ça…
Cette visite à été très riche en informations… Amis historiens, désolés pour les approximations. Nous n’avons pas tout retenu mais cela nous a permis de comprendre davantage le contexte de la naissance de ce magnifique pays et la construction de la ville de Rio.
Très intéressant vos anecdotes sur Rio. Autre source! Rouge Brésil de Jean-Christophe Rufin roman sympa à lire sur la construction du Fort de Coligny par les français dans la baie de Rio en 1555 pour chasser les portugais du Brésil.
Oui on a beaucoup aimé ce livre nous aussi ! Très bonne recommandation 😉