C’est après un long périple que nous arrivons à Iguazu. Depuis Paraty nous avons pris le bus jusqu’à Sao Paulo pendant 7h, puis un nouveau bus jusqu’à Foz Do Iguaçu pendant 16h. Quand on descend du bus après ça, on ne sait plus marcher ! Dans ce bus nous avons rencontré Pierre et Anne-Claire, de jeunes mariés français qui sont eux aussi en voyage autour du monde. Ils viennent d’acheter des vélos et vont adapter leur futur parcours en fonction. On en profite pour discuter pendant les pauses accordées par notre conducteur toutes les 3 heures.
Les chutes d’Iguaçu ou Iguazu se trouvent à cheval entre la frontière du Brésil et la frontière de l’Argentine. Apparemment le Brésil aurait volé cette partie à l’Argentine il y a longtemps… on ne rentrera pas dans ce débat. Il s’agit d’une des 7 nouvelles merveilles du monde, c’est donc la 2ème que l’on découvre avec le Corcovado au Brésil.
La visite des chutes est donc possible depuis les 2 pays, chacun possédant différents atouts : au Brésil on voit les chutes de loin et on a une vue panoramique, en Argentine on vit les chutes depuis l’intérieur. Nous allons donc visiter les 2 côtés, pourquoi se priver !
Afin d’éviter les changements d’auberge et la corvée des sacs, nous avons réservé 4 nuits au même endroit, à Puerto Iguazu côté argentin. Sauf que notre bus arrive à Foz Do Iguaçu, côté brésilien, et que l’on doit passer la frontière.
Et bien pour une fois en France c’est plus simple !
Après avoir pris un 3ème bus pour aller du terminal de transport au centre ville de Foz Do Iguaçu, nous attendons le bus qui va en Argentine pendant près d’une heure. Il est midi, nous sommes en transit depuis 10h la veille et n’avons pas mangé, on est contents… Le bus finit par arriver et s’arrête au bout de 20 minutes au poste de contrôle du Brésil. Là, nous descendons afin de faire tamponner notre passeport pour la sortie de territoire. Bien sûr le bus ne nous a pas attendu en sortant. On prend donc le suivant et on repaie, ce n’est pas la même compagnie donc notre ticket n’est pas valable… 15 minutes plus tard on s’arrête à nouveau, côté argentin cette fois. Pendant qu’on fait la queue on remarque les nombreux panneaux de prévention contre les maladies tropicales véhiculées par les moustiques : dengue, chikungunya, zika… Rassurant. Iguazu est une zone très humide et les moustiques s’y sentent comme au paradis.
On ressort, le bus nous a attendu, ouf. Nous arrivons à notre auberge vers 14h, complètement épuisés et affamés, on ne fera rien du reste de la journée !
Iguaçu – côté Brésil
Nous avons rendez-vous avec Pierre et Anne-Claire le lendemain afin de visiter les chutes. Sauf qu’on se rend compte arrivés sur place qu’il y a une heure de décalage entre le Brésil et l’Argentine. Eux sont restés du côté du Brésil et nous arrivons donc avec une heure de retard. Dommage, pour une fois on était en avance ! Nous avons bien entendu dû repasser toutes les formalités de douane de la veille, si bien qu’on se retrouve avec 4 tampons brésiliens sur la même page… (pas de bol, c’est le plus moche de tous).
Une fois entrés dans le parc, il faut prendre un bus pendant 20 minutes afin d’arriver au début de la promenade. Les animaux totems du parc sont peints sur la carrosserie, c’est très joli.
On descend du bus et on commence à marcher, à peine 30 secondes plus tard on aperçoit les chutes au loin. C’est très impressionnant. Nous n’en voyons qu’une partie mais les chutes s’étendent sur des centaines et des centaines de mètres.
Avant de venir ici j’avais quelques doutes car j’avais peur de retrouver la même chose qu’aux chutes du Niagara. Je les avais visitées lors d’un voyage au lycée et avait été plutôt déçue car le paysage est totalement dénaturé à cause des buildings autour.
Ici rien de tout ça, à part un hôtel qui se trouve à distance dans le parc on est en pleine nature.
Nous avons beaucoup de chance car il fait très beau, alors qu’ici à priori le temps est très capricieux.
Pendant près de 2 heures on suit la promenade qui longe les chutes, le chemin en soit n’est pas très passionnant mais le spectacle en face est à la hauteur de nos espérances. Les chutes déversent plus de 2 millions de litres d’eau par seconde ! Ça en fait des baignoires…
On croise aussi de nombreux quatis, des sortes de rongeurs assez mignons qui nous harcèlent pour avoir de la nourriture.
Après une pause déjeuner sans attaque, nous partons à l’assaut de la dernière partie du chemin. Il s’agit d’une passerelle située en contre bas qui avance jusqu’au milieu des chutes ! Toutes les personnes que l’on croise sur le chemin sont trempées, certaines ont opté pour le poncho alors que d’autres sont carrément en maillot de bain. Et pourquoi pas !
Nous restons un moment sur cette passerelle, subjugués par ces tonnes d’eau qui coulent à quelques mètres de nous. On se demande comment une telle puissance est possible. On voit aussi beaucoup d’oiseaux voler au milieu de la vapeur d’eau qui se dégage des chutes, on croirait presque que certains disparaissent derrière ce rideau d’eau et rejoignent un nid secret.
Ce soir nous quittons définitivement le Brésil (avec le cœur lourd) pour passer en Argentine.
Iguazu – côté Argentine
On change d’heure et on change aussi d’orthographe ! Cette fois-ci nous avons bien réglé nos montres et nous retrouvons Pierre et Anne-Claire à l’entrée du parc. Celui-ci est beaucoup plus grand et étendu, il y a plusieurs chemins de randonnée permettant d’admirer les chutes. Ça tombe bien, cela nous manquait un peu.
On commence par le chemin bleu, il passe à travers la forêt et nous amène en face d’une île à laquelle il est possible d’accéder à l’aide d’une barque. Enfin, ça c’est quand l’eau est basse. Nous sommes au début du printemps et il a dû pleuvoir pas mal ces derniers temps car l’eau est haute et le courant très fort, c’est loupé. Pierre en profite quand même pour faire une virée en speed boat au pied des chutes, il revient totalement trempé mais ravi de cette expérience.
En revient sur nos pas et on s’arrête dans le parc pour déjeuner. Nos amis se font voler leur sandwich par un quatis qui s’est emparé de leur sac de provisions sans ménagements. On essaie de le faire fuir mais il est très coriace, voire agressif. Finalement on ne les trouve plus si mignons que ça… On se réfugie à l’intérieur d’un snack pour éviter d’autres attaques.
Le ciel commence à s’assombrir, le temps est très lourd depuis ce matin et on craint un orage. On se dépêche de prendre l’autre chemin, celui qui mène au gouffre du diable d’où la vue a l’air incroyable. On peut y aller en train mais nous préférons marcher pour ne pas perdre de temps. Sur le chemin on croise des dizaines de papillons : des jeunes, des bleus, des noirs et rose… Et puis on se fait surprendre par la pluie. Heureusement cela ne dure pas bien longtemps et on arrive en une demi-heure au début de la passerelle du gouffre du diable. Nous nous trouvons au-dessus des chutes, on traverse le fleuve qui en est à l’origine et on comprend alors pourquoi elles sont si puissantes. Le fleuve s’étend sur des kilomètres et se resserre au dernier moment. L’eau est rouge et marron, cela ne donne pas forcément envie de se baigner, surtout quand on sait ce qui nous attend en bas. On se questionne d’ailleurs sur les poissons, est-ce que ceux qui vivent là-haut peuvent passer les chutes sans mourir ? Nous avons quelques doutes, qui sont confirmés plus loin par un panneau indiquant que les poissons vivant dans la partie inférieure sont voraces et très agressifs. Nice.
Au bout de plus de 15 minutes de passerelle, on arrive au-dessus de l’endroit où les chutes se jettent dans le vide. Nous sommes totalement hypnotisés par ce que nous voyons, c’est un peu la même sensation qu’avec le vertige. La veille nous avons vu les chutes de loin, aujourd’hui nous sommes en plein milieu.
La lumière du ciel est, elle aussi, sublime. L’orage que nous avons craint un peu plus tôt se rapproche de nous et les nuages tournent à une vitesse folle. En moins de 5 minutes, on passe du jour à la nuit.
Le vent change de direction et nous envoie les embruns des chutes, on ne sait même plus si c’est la pluie ou les chutes qui tombent du ciel.
Le tonnerre résonne au loin, les éclairs déchirent le ciel, on prend rapidement le chemin du retour car cela devient dangereux. Nous avons encore 15 minutes de marche au-dessus de l’eau avant de rejoindre la terre ferme et le vent s’engouffre sur la passerelle. Sur le moment on n’est pas super rassurés. D’autant qu’on a vu des morceaux de passerelle arrachés à d’autres endroits dans le parc.
Nous retrouvons Anne-Claire et Pierre, que nous avions perdu de vue sur la passerelle, et prenons le train pour rentrer. Nous sommes tous les 4 trempés et avons froid, on rêve d’une douche chaude et d’un lit douillet !
Le trajet du retour sera un peu long mais nous en avons pris plein les yeux et cette journée fut remplie d’émotions. Nous quittons Anne-Claire et Pierre à Puerto Iguazu en leur souhaitant bonne chance pour la suite de leur voyage et heureux de cette rencontre faite par hasard. De notre côté, nous poursuivons notre chemin vers Buenos Aires et partons faire quelques courses pour préparer notre long trajet en bus du lendemain. L’orage se déchaîne toujours dehors et nous nous retrouvons soudain dans le noir au supermarché. Tout le monde reste stoïque, la lumière revient au bout de 15 minutes. Ce n’est pas tous les jours qu’on fait ses courses à la lumière de son smartphone…
1 Comment