On se pose quelques jours à Buenos Aires

Après Iguazu, nous filons en avion vers la capitale de l’Argentine : Buenos Aires. Nous avons beaucoup entendu parler de cette ville et de son ambiance, nous avons donc hâte de la découvrir. Nous restons ici 5 jours et avons loué un petit studio à Villa Santa Rita, dans la banlieue de la ville. C’est un peu éloigné du centre mais on s’y sent comme chez nous, Fabien va tous les matins chercher le pain frais à la boulangerie du coin (il s’est fait ami ami avec la boulangère qui lui donne des chocolats en cadeau), on tient la porte aux voisins dans le couloir, on observe la vie du quartier depuis notre balcon…

C’est le début du printemps à Buenos Aires, les arbres sont en fleurs, les jours rallongent et la température grimpe. Les argentins commencent à regagner les parcs et les terrasses et nous suivons leur exemple. Pendant ces 5 jours nous allons vivre dehors et nous perdre dans les rues des différents quartiers afin de nous imprégner de la vie ici.

Buenos Aires est en fleurs
Coucher de soleil dans un des nombreux parcs de la ville

La ville est très étendue et les différents points d’intérêts sont assez éloignés les uns des autres, nous en avons donc certainement loupé un certain nombre. Voici néanmoins un aperçu des quartiers que nous avons traversés et de ce que nous y avons trouvé.

Le quartier de San Telmo et son marché 

Notre premier jour à Buenos Aires est un dimanche et cela tombe bien car c’est le jour du marché de San Telmo, un des plus réputés de la ville ! Après un petit déjeuner à base de pâtisseries locales (croissants au dulce de leche et autres petites douceurs), nous prenons le métro jusqu’à la Plaza Peru, qui se trouve non loin du quartier de San Telmo.

Direction le centre ville !

En sortant, nous sommes surpris par un autre marché, ou plutôt une sorte de foire régionale, dont les étales s’étendent sur toute une avenue. Les différentes régions de l’Argentine y sont célébrées et les spécialités locales représentées : chocolats pour la région de Bariloche, bières pour la Patagonie, vin pour Mendoza, empañadas en tous genre… bref, beaucoup de nourriture. De petites tables en bois ont été installées dans la rue et les visiteurs y mangent tout en écoutant les concerts organisés sur la scène principale.

Concerts sur la Plaza Perú
Reflets sur le chemin
Aux alentours de la Plaza de Mayo

Après ce léger détour, nous continuons notre chemin et arrivons à San Telmo. Le marché s’étale sur des kilomètres le long de la calle Defensa. On flâne à travers les différents stands de vêtements, d’antiquités, de nourriture, d’artisanat local… On y trouve le meilleur comme le pire. Certains ont des idées plutôt originales, comme la confection d’habits en crochet pour barbies. Pas sûre que ce soit un marché d’avenir…

Il en faut pour tous les goûts

De nombreux bars et brasseries sont installés le long de la rue : un bar gay avec des drapeaux arc en ciel, une brasserie française qui sert du pastis… mais aussi de nombreux glaciers ou boutiques spécialisées en dulce de leche. Il y en a pour tous les goûts.

On croise aussi des artistes, comme ce peintre qui se sert de bombes de peinture, de sacs en plastique et de cutter. La technique est élaborée mais le résultat assez kitch… Ou encore des diseurs de bonne aventure. J’ai voulu prendre une photo de l’un d’entre eux (un sosie de Pierre Arditi qui aurait mal fini) et il a insisté pour qu’on se fasse un selfie.

Une technique de peinture assez particulière
Atelier voyance
Selfie avec Pierre

À mi-hauteur du marché, nous nous arrêtons sur la place Dorrego afin de manger notre sandwich. C’est une toute petite place, encastrée entre de jolis immeubles et qui a été totalement investie par les antiquaires. Ils vendent de vieux tourne-disques, des montres à goussets, des pancartes publicitaires en métal ou encore de magnifiques verres en cristal.

Nous entendons de la musique tout au fond et nous rapprochons. Un couple est en train de danser le tango, accompagné par des musiciens. Les spectateurs se sont assis par terre et les regardent d’un air admiratif, nous nous joignons à eux.

Tango #1
Tango #2

Nous sommes assez proches et pouvons voir leurs mouvements de jambes. Le tango est une danse technique et très rapide – un mélange de sensualité et de violence – c’est un spectacle très impressionnant.

Juste après la place, un passage mène à un marché couvert dans le style de Gustave Eiffel. On y trouve de petits cafés, des librairies, des confiseries ou encore de vieux magasins de jouets. La verrière située au centre apporte la lumière du jour et éclaire l’ensemble.

Marché couvert et rayons de lumière
Librairie vintage

Après cette après-midi de flâneries, nous dirigeons vers le métro et craquons pour une glace au dulce de leche. Pourquoi faire les choses à moitié…

Concert de hip hop sur le chemin du retour

La foire régionale que nous avons croisée en début de journée est toujours là et l’ambiance bat son plein ! Des milliers de personnes sont réunies autour de la scène, apparemment un groupe connu est en train de jouer. Les chanteurs et musiciens portent de drôles de vêtements très bariolés et projettent des effets de lumières avec des néons sur l’écran du fond. C’est un mix entre le look des Naive New Beaters et l’univers scénographique des Daft Punk, sauf qu’on est plus sur du Despacito au niveau musical… Nous nous mêlons à la foule et restons à les écouter pendant près d’une heure. Les chanteurs reprennent plusieurs fois une chanson intitulée « carnaval », c’est entraînant et le public est surexcité. Demain est un jour férié en Argentine et il fait encore bon dehors à cette heure. Nous passons un très bon moment et ne partons qu’au bout du 3ème rappel, c’est la 5ème fois qu’on a le droit à « Carnaval » et on commence presque à connaître les paroles… Il est temps de rentrer.

On ne résiste pas à l’envie de partager cette pépite musicale avec vous 😉

La Boca – El caminito

La Boca est un des incontournables de Buenos Aires, même si c’est tout petit et essentiellement pour les touristes.

Il s’agit d’un ancien quartier d’immigrés italiens situé près du port, dont les maisons ont été fabriquées avec de la tôle. Afin d’y apporter un peu de gaieté, les habitants avaient repeint tous les murs de couleurs. Une rue est devenue emblématique dans le quartier, il s’agit du Caminito. Elle est aujourd’hui occupée par des peintres qui exposent leurs toiles ainsi que des couples déguisés en danseurs de tango qui proposent de faire des photos. Nous avons aussi vu de vraies démonstrations dans la rue et avons été aussi impressionnés que la première fois à San Telmo.

Poésie sur les murs
Les maisons rivalisent de couleurs
Détails d’une maison
Passage ombragé accueillant des magasins d’artisanat local
Maison drapeau

Nous profitons du beau temps pour manger en terrasse et apprécier les couleurs un peu plus longtemps, avant de repartir et de passer devant la Bombonera, le stade de foot de la ville et qui accueille la mythique équipe de Boca Junior. De nombreux argentins s’arrêtent ici le temps de faire une photo.Nous ne savons pas si beaucoup de personnes vivent encore à La Boca aujourd’hui, la plupart des locaux accueillant désormais des boutiques d’art artisanal ou des restaurants. Les conditions de vie ne devaient en tous cas pas être faciles à cette époque.

Palermo

Palermo c’est un peu une mini ville dans la ville. Le quartier s’étend sur des kilomètres et est lui-même subdivisé en plusieurs sous quartiers : Palermo Soho, Palermo Hollywood, Palermo Chic… Chacun a ses propres attraits : restaurants, bars branchés, shopping, parcs…

Nous avons visité Palermo Soho et Palermo Viejo le temps d’une après-midi et n’avons pas tellement fait la différence entre les 2.

Rues longées d’arbres et boutiques branchées

C’est en tous cas un endroit très agréable pour se promener : des rangées d’arbres bordent chaque côté des rues et protègent des maisons de style victorien ou new-yorkais, certains pans de murs sont décorés de graffs… On se croirait un peu à Greenwich Village par moments.

Art de rue à Palermo #1
Art de rue à Palermo #2

Au cœur de Palermo Viejo, un grand parc accueille parents, enfants et étudiants. Tout autour, on trouve des restaurants de burgers, des beer-garden, des magasins de tee-shirts à licorne… Ce n’est pas très dépaysant, si ce n’est que le quartier est calme et très vert. Cela à l’air d’être un endroit plutôt prisé dans lequel seuls les habitants les plus aisés peuvent se loger.

Cimetière Recoleta 

Le cimetière de Recoleta est le dernier stop que nous avons fait lors d’un free city tour de la ville. Apparemment il ressemble en de nombreux points au cimetière du Père Lachaise à Paris (perso je n’y suis jamais allée donc je ne saurais vous dire, mais Fabien confirme).

Une des nombreuses allées du cimetière
Détails – sculptures

L’endroit est plutôt agréable pour ce que c’est, de nombreuses allées bordent les centaines de caveaux présents ici. Beaucoup sont des personages célèbres en Argentine, la majorité des présidents et des hauts responsables politiques y sont notamment enterrés. Ce qui est drôle c’est qu’il n’y a en revanche aucune harmonie ou règle d’urbanisme entre les différents installations (heureusement remarquez, il ne manquerait plus qu’on ne puisse pas choisir sa propre tombe) : on passe donc du caveau en marbre noir lustré un peu flashy au caveau blanc de style grec avec des petits anges sculptés, il y a aussi des pyramides et même carrément des mini temples (modestie quand tu nous tiens).

À chacun son style (et son égo)

La tombe la plus célèbre est celle d’Evita, ou Eva Perón, figure très admirée des argentins pour son engagement politique dans les années 1940 (elle a notamment œuvré pour les droits des femmes et mis en place des politiques sociales pour les plus démunis). Sa tombe n’est pas facile à trouver car elle se trouve dans le caveau familial de sa famille, la famille Duarte, et non dans celui de la famille Perón. De nombreux argentins viennent toujours lui rendent hommage et c’est une des seules tombes du cimetière recouverte de fleurs.

De nombreux argentins rendent hommage à Évita en apportant des fleurs

L’histoire d’Eva, c’est celle d’une petite fille issue d’une union illégitime, devenue comédienne à l’âge de 15 ans et qui va se marier à Juan Domingo Perón, futur président de l’Argentine.

Elle meurt prématurément d’un cancer à l’âge de 33 ans, de nombreux hommages lui sont alors rendus avant que son corps soit embaumé et exposé au siège de la CGT à Buenos Aires. Lors de l’accession au pouvoir des opposants de son mari (à la suite d’un coup d’état), sa dépouille va être enlevée et envoyée en Europe sous un autre nom. Des années passeront avant que le lieu secret soit révélé et qu’elle soit rapatriée en Argentine pour y reposer enfin en paix.

Sinon certaines sépultures tombent en décrépitude, pour preuve, ce tombeau à moitié ouvert que nous nous sommes dépêchés de dépasser.

Mouai…

Musée Malba 

Pour notre dernier jour à Buenos Aires nous avons choisi de visiter le musée Malba, un musée d’art moderne assez réputé et accueillant des collections provenant de toute l’Amérique du Sud. Au moment où nous sommes à Buenos Aires, le musée propose une exposition temporaire sur le Mexique, regroupant de nombreuses œuvres de Diego Rivera et de Frida Kahlo. La thématique principale est la révolution moderne du Mexique, elle rassemble plus d’une centaine d’œuvres qui ont été élaborées pendant la révolution culturelle mexicaine du 20ème siècle, au moment où le pays était en train de se construire sa propre identité.

Voici au hasard quelques œuvres que nous avons admirées.

Au delà des expositions, le musée en lui-même est un lieu à part dans lequel nous avons aimé passer quelques heures. Son architecture aux lignes géométriques et minimalistes, son toit en verre et ses différents espaces aménagés à l’intérieur et l’extérieur en font un lieu graphique, calme et apaisant.

Vue depuis le 2ème étage

Voilà pour les lieux touristiques. Nous en avons appris également un peu plus sur les conditions de vie des argentins et notamment le contexte économique, lors de notre visite guidée.

L’économie en Argentine 

Les derniers gouvernements ont régulièrement dévalué la monnaie dans le cadre de stratégies économiques douteuses, le problème c’est qu’aujourd’hui elle ne vaut plus rien et que l’inflation est terrible :+45% d’inflation l’an dernier, +35% cette année… et tout ça sans aucune augmentation de salaire (ou alors très minimes) pour la population. Les banques ne distribuent que 2 000 pesos par jour par personne (soit l’équivalent de moins de 96€) et la plupart des distributeurs sont vides en fin de semaine par manque de réapprovisionnement. Certains jours il faut faire la queue 1h pour pouvoir retirer son argent au guichet, et lorsque l’on est touriste chaque retraits est taxés à 5€ (on vous laisse faire le calcul à raison de 3 retraits par semaine). Les maisons sont uniquement vendues en dollars ici car le risque de tout perdre du jour au lendemain si le peso est dévalué est réel. Les argentins sont assez peu confiants dans le gouvernement actuel et sont résignés face à cette situation injuste imposée par l’état. Ils espèrent néanmoins que les jeunes générations vont pouvoir changer la donne rapidement.

Buenos Aires est une ville qui nous a beaucoup plu, on se croirait ici un peu comme à Paris, avec de la verdure et le soleil en plus. Les habitants avec qui nous avons parlé dans les bus ont tous été très gentils, les argentins se parlent d’ailleurs beaucoup entre eux. On sent que même si Buenos Aires est une grosse ville, les échanges humains sont toujours présents et très importants. Nous avons également profité de cette étape pour faire la liste de nos prochains films à regarder : Evita, Carnets de Voyage, Che Guevara… Si vous en avez d’autres à nous conseiller, on est preneurs. Encore quelques longs voyages en bus nous attendent dans les prochains mois 😉

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