Au milieu du désert d’Atacama

Nous avons passé une semaine à San Pedro de Atacama, le temps de profiter des nombreuses excursions sur place et de nous reposer un peu avant de repartir en Bolivie. La ville est assez petite et compte surtout des agences de voyages et des hostels, mais cela reste agréable de s’y promener et de profiter de l’ombre des arbres sur la place principale. Dans notre hôtel, nous avons aussi fait la rencontre d’un couple de brésiliens super sympas avec qui nous avons passé plusieurs soirées à parler portugnol 😉

Avec André et Angela, nos amis brésiliens

Les rues de San Pedro sont pour la majorité en terre battue et c’est assez poussiéreux mais il ne faut pas oublier qu’on est en plein désert. On aperçoit d’ailleurs les volcans et montagnes de la cordillère des Andes depuis la ville.

La vue sur les volcans depuis le village
Coucher de soleil
La place principale de San Pedro de Atacama et son sapin de Noël
Dans les rues du village

La cordillère des Andes fait plus de 7 500 km de long et compte une centaine de volcans actifs, lorsqu’ils se réveillent, ils propulsent des colonnes de cendres volcaniques qui peuvent aller jusqu’à 200 km/h.

Sur la route, nous croisons plusieurs de ces volcans dont le Lascar qui est toujours en activité aujourd’hui et dont sort un petit nuage de fumée. La dernière éruption a eu lieu en 2006, le nuage s’est alors transformé en une sorte d’immense champignon atomique. Les habitants s’en rappellent encore car un de leurs villages à été rayé de la carte.

Volcans sur la route #1
Volcans sur la route #2
Quelques fleurs réussissent à pousser en altitude

Dans cette région, la plus aride du monde, seuls 20 mm de pluie sont comptabilisés à l’année. Nous sommes au niveau du Tropique du Capricorne, l’endroit le plus proche du soleil, et l’humidité qui arrive de l’Atlantique est bloquée par les montagnes.

Piedras Rojas
Pour notre première excursion nous avons choisi les Piedras Rojas. Nous partons de bon matin, dans un mini bus avec une majorité de français, dont une famille d’expatriés vivant au Brésil et avec qui nous sympathisons. Notre guide, Sophie, vit au Chili depuis 18 ans (dont 11 à San Pedro) et en connaît un rayon sur la faune locale, les phénomènes géologiques des Andes et encore bien d’autres sujets.

Salar d’Atacama
Vers 9h nous nous arrêtons au milieu du Salar d’Atacama. Un salar, c’est en fait l’eau de l’océan qui est restée prisonnière au fur et à mesure que le niveau du terrain est monté lors du frottement des plaques tectoniques.

La profondeur de Salar d’Atacama est de 1 450 m, il s’agit du 3ème plus grand salar du monde et d’une immense réserve de minéraux. Avec près de 600 km de métal, c’est notamment la plus grosse réserve de cuivre au monde et la première source de revenus pour le Chili, avec l’extraction du lithium. C’est d’ailleurs pour cela que le sel est toxique ici et ne peut pas être consommé.

Au milieu du salar, se trouve la Laguna Chaxa qui accueille plusieurs espèces de flamants roses. Au Chili on trouve 3 espèces de flamants roses (sur les 6 qui existent dans le monde) : le flamant des Andes (celui qui a une pointe noire au bout des ailes), le flamant de James et le flamant du Chili.
Ils ne se mélangent pas entre eux mais ils n’aiment pas être seuls et se retrouvent dans les mêmes langues. Leur espérance de vie est très longue : ils peuvent vivre jusqu’à 35 ans à l’état sauvage et jusqu’à 83 ans en captivité (bon 83 ans c’est le record).
Les flamants sont monogames de saison : ils changent de partenaire d’une année sur l’autre. Tranquilles… Par contre ils se reproduisent toujours dans la même lagune (en fait ils sont fidèles à leur chambre nuptiale).

Nos premiers flamants roses de près !
Flamant des Andes
Dans les airs…

On voit souvent les flamants se tenir sur une seule pâte, et bien nous avons eu l’explication ! En fait l’eau de la lagune gèle la nuit (on est en altitude) alors pour ne pas se retrouver prisonniers, ils dorment 4h sur un pied et 4h sur l’autre. Toutes les 4 heures ils cassent la glace qui s’est formée autour de leur pâte à l’aide de l’autre, celle qui est restée en l’air.

Les excréments du flamants roses se transforment en algues au contact de l’eau salée, cette algue qu’on appelle « diatomea » est la nourriture principale des micro crustacés qui sont à la base de l’alimentation des flamants, c’est donc un cercle fermé. La nature est bien faite !

Socaire
Nous nous arrêtons ensuite au village de Socaire, c’est le dernier avant la frontière avec l’Argentine. Autour du village on peut observer des centaines de terrasses d’agriculture pré incas, ils y cultivaient des pommes de terre violettes, du maïs et du quinoa et utilisaient un système d’écluse pour arroser les terrasses.
Elles ont malheureusement été détruites au moment de l’arrivée des espagnols.
La petite église du village à été construite avec pierres volcaniques, le clocher est séparé de l’église par protestation envers les espagnols.

Une église pas comme les autres

Avant la religion ici c’était la cosmovision, pour faire simple : on vit tous sur la même planète donc on doit tous être frères. Comme au Pérou, on demande à la terre mère (la Pachamama) l’autorisation pour faire les récoltes ou mettre la semence en terre. En arrivant en Amérique du Sud, les espagnols ont repris les fêtes des Incas mais ils les ont renommées. Ainsi le Carnaval correspond à la date de la fête avant les récoltes.
Au Chili et en Bolivie, le quinoa est intégralement exporté à cause de la demande énorme qui arrive des autres pays. Plus rien n’est consommé sur place à part le quinoa noir car il ne plait pas…

Sur le chemin on croise beaucoup de vigognes, en espagnol on les appelle les vicuñas. On dirait un peu des Bambis des Andes. Il y a un mal pour 6 à 12 femelles (pourquoi s’embêter) et on les rencontre seulement sur l’altiplano à partir de 3 700 m d’altitude. La laine des vicuñas est très précieuse, ils ne produisent que 200 g de laine chacun tous les 2 ans et le kilogramme vaut entre 1 000 et 1 500 US$. Cette laine peut supporter des températures allant jusqu’à -40 degrés et étant donné le froid qu’il fait là haut, ce n’est pas du luxe ! Les vicuñas sont des animaux en voie d’extinction, donc protégés, et on peut aller en prison si on les tue. Bien fait pour les chasseurs…

Vicuñas

Salar de Talar
C’est sûrement le plus bel arrêt de la journée. À nos pieds les pierres rouges, devant nous le salar tout blanc et au loin les volcans. Un dégradé de couleurs pastel que nous passons plus d’une heure à contempler.

Piedras Rojas au milieu du Salar de Talar
L’eau est transparente derrière nous !
Jeux de miroirs #1
Jeux de miroirs #2
Vue sur les volcans et leurs sommets enneigés

Tropique du Capricorne
Un peu plus tard, on s’arrête au niveau du tropic du Capricorne. Les déserts les plus importants du monde se trouvent à ce niveau, nous sommes à la même latitude que le désert de Namibie ou que celui de Victoria en Australie.

Tropique du Capricorne

Ici passe le chemin des Incas que nous avions également croisé au Pérou. Il en existe plusieurs dans toute l’Amérique du sud, ils totalisent près de 2 000 km et ont été construits en moins de 100 ans ! Ces chemins étaient avant tout des routes commerciales qui regorgeaient d’information concernant la date, l’heure, les risques de la nature existant autour… Le chemin poursuit sa trajectoire jusqu’au Sud du Chili ; en language Quechua, Chili signifie d’ailleurs « donde termina la Tierra ».

Le chemin des Incas
Fabien tente de suivre leurs pas

Pour finir la journée on passe dans un village traditionnel et on goûte à une glace au quinoa. Un régal !m

Village traditionnel #1
Village traditionnel #2
Village traditionnel #3

Geysers d’El Tatio
Pour notre deuxième excursion nous choisissons de partir à la découverte des geysers d’El Tatio. Réveil à 4h du matin et montée à 4 200 mètres d’altitude. Plutôt physique comme début de journée !
Le site des Geysers d’El Tatio est le 3ème champs géothermique le plus important au monde (sur 21) avec près de 10 km2 et 80 geysers actifs. Il se trouve au pied du volcan Tatio (qui signifie « le grand père qui pleure »). La raison pour laquelle on s’est levés si tôt, c’est que plus il fait froid dehors et plus il y a de fumée. En effet, il fait -5 degrés et on gèle littéralement sur place. Heureusement le spectacle du lever de soleil au milieu de toute cette fumée est à la hauteur de nos efforts.

Lever de soleil au milieu des geysers #1
Lever de soleil au milieu des geysers #2
Lever de soleil au milieu des geysers #3
La fumée s’élève à plusieurs mètres de haut

On reste très prudents car notre guide nous raconte que de nombreux accidents mortels ont eu lieu ici les dernières années, des touristes imprudents voulant prendre des photos d’un peu trop près. Aucun n’a survécu et apparemment les douleurs sont atroces, on est prévenus ! Sur le chemin du retour on contemple les paysages et on admire les volcans. 

On croise aussi des lamas

Valle de la Luna
La Valle de la Luna se trouve à seulement 4 km de San Pedro de Atacama. Plutôt que de prendre un tour guidé nous avons préféré louer des vélos et nous y rendre seuls. Même en partant à 9h, le soleil est déjà bien chaud. Une fois arrivés à l’entrée du parc, il nous reste 22 km aller-retour pour nous rendre jusqu’au bout.

C’est parti pour 22 km !

Les paysages que l’on traverse sont surréalistes, on se croirait entre la lune et mars. Le bleu du ciel contraste avec le rouge des montagnes et le blanc du sel au niveau du sol.

On commence par s’arrêter au niveau d’une ancienne mine de sel, qui va mettre la claustrophobie de Fabien à l’épreuve. La parcours dure une vingtaine de minutes, on s’enfonce dans les méandres de la grotte avant de se promener sur le sommet.

L’entrée de la mine de sel
Puits de lumière
Il faut être souple pour passer à certains endroits
Fabien est content de retrouver la lumière
Au sommet de la mine

Cinq kilomètres plus tard, on s’arrête au niveau des dunes de sable. Une promenade de 30 minutes nous emmène à un Mirador à partir duquel on peut observer toute la vallée. La vue est grandiose, on a vraiment l’impression d’être sur une autre planète. Avant un océan s’étendait à cet endroit, le sol est chargé en sel et en minéraux. À cause de la sécheresse, l’électricité statique est super élevée et l’endroit devient très dangereux en cas d’orage. On peut se faire griller à des kilomètres de l’endroit où tombe la foudre.

Au pied des dunes
Vue sur la vallée #1
Vue sur la vallée #2
Perchés au sommet !

Fabien continue les derniers kilomètres sans moi, l’inconfort de la selle et la chaleur ont eu raison de ma motivation. Il arrive jusqu’au Tres Marias, une sorte de construction naturelle avec des pierres volcaniques. Je n’ai pas raté tant de choses que ça quand je regarde ses photos, mais je salue son courage d’être allé jusqu’au bout dans de telles conditions.

Tres Marias

Observation des étoiles
On ne peut pas partir de San Pedro sans avoir observé les étoiles, c’est en effet un endroit privilégier de par sa situation géographique et ses conditions météorologiques. Ici on peut observer le ciel 340 jour par an en moyenne, contre 120 en France par exemple.

A quelques kilomètres de San Pedro se trouve un immense campement regroupant 700 astronomes du monde entier ; leur chef est Pierre Cox, un français. Soixante-six radio antennes ont été implantées à plus de 5 000 m d’altitude et sont reliées avec de la fibre optique à l’ordinateur le plus sophistiqué au monde (il enregistre les infrarouges, les rayons X, les rayons gamma etc). Les astronautes écoutent le ciel ici… ils possèdent aussi les télescopes les plus puissants du monde. Les scientifiques sont sur liste d’attente et doivent patienter entre 5 et 7 ans pour pouvoir utiliser ce matériel.

Le soir de notre observation la lune se couche très tôt et nous ne pourrons l’observer que quelques minutes.

La lune avant qu’elle ne parte dormir

L’astronome qui nous accueille chez lui nous apprend des tonnes de choses passionnantes. En voici quelques unes dans le désordre :
⁃ Le soleil est tout petit comparé à certaines d’autres étoiles qui dépassent de 500 fois sa taille. C’est une étoile naine en quelque sorte. Nous le voyons grand car on est près de lui, mais depuis Pluton le soleil est petit comme une étoile.
⁃ Contrairement à ce que l’on croit, il n’existe pas de carte du ciel car elle changerait tout le temps.
⁃ Il existe plus de 200 milliards de galaxie dans l’univers, enfin ça c’est seulement dans la partie de l’univers qui est visible car il existe aussi une partie invisible.
⁃ L’étoile la plus brillante est Sirius, il faudrait 172 000 ans pour y aller avec les moyens les plus puissants que nous possédons aujourd’hui.
⁃ Lorsqu’une étoile se trouve à 8 années lumière de la terre, cela signifie que la lumière que nous voyons aujourd’hui à été émise par l’étoile il y a 8 ans.
⁃ On dit parfois que certaines étoiles que l’on voit sont en fait éteintes et que la lumière que l’on reçoit à été envoyée avant. C’est vrai pour certaines mais cela reste assez rare, la grande majorité des étoiles que l’on peut observer brillent encore (les astronomes ont les moyens de repérer longtemps à l’avance lorsqu’une étoile est sur le point de s’éteindre).
⁃ Il y a plus de planètes que d’étoiles dans l’univers, mais on ne peut pas les voir car elles sont trop petites. Depuis la terre on voit facilement les étoiles, mais à l’inverse, si on se trouvait sur une étoile on aurait beaucoup de mal à trouver la terre.
⁃ Il existerait des milliers de planètes habitables comme la terre dans l’univers, il est donc très probable que des « extra terrestres » existent, ou a minima qu’il y ait d’autres sortes de vie sur ces planètes. Le problème, c’est qu’elles se trouvent super loin de nous et qu’il faudrait envoyer des astronautes qui auraient des enfants sur plusieurs générations dans l’espace avant de pouvoir les atteindre. Cela représente plusieurs milliers d’années de voyage, c’est donc un scénario assez improbable.

Nous avons beaucoup aimé cette soirée sous le ciel étoilé. On ressort en se sentant tout petit face à l’immensité de l’univers, et on rêve aussi à ces nombreux mystères qui existent encore autour de nous.

Nous avons aimé cette semaine passée à San Pedro. Nous avons découvert des paysages magnifiques et c’est la première fois qu’on apprend autant de choses en faisant des excursions ! Nous retournons désormais en Bolivie pour 4 jours afin de découvrir le Salar d’Uyuni. Nous n’avions en effet pas eu le temps d’y aller lors de notre séjour là-bas et ne voulions rater cette étape pour rien au monde. Coup de chance, des départs sont organisés tous les jours depuis San Pedro étant donné qu’on se trouve tout près de la frontière bolivienne. D’ailleurs la majorité des volcans ici sont situés à moitié au Chili et à moitié en Bolivie.

San Pedro de Atacama

Ce qui nous a marqué dans le désert d’Atacama :
⁃ Le contraste entre les paysages blancs et rouges.
⁃ Le nombre de volcans aux alentours.
⁃ La chaleur des journées et la fraîcheur des nuits.
⁃ L’isolement du village, on est vraiment en plein désert.
⁃ Le magnifique ciel étoilé.

3 Comments

  1. Salut les amis. Quel beau périple que San Pedro et le salar après. Continuez de vous faire rêver et de nous le partager. Un max de love et un voyage paisible pour 2018. A tres vite

    1. Merci FX ! Oui l’Amérique du Sud n’a cessée de nous étonner dans le bon sens. On risque de te redemander des conseils pour le Népal et la suite 😉 Gros bisous de nous 2

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.