Nous faisons escale à Phnom Penh et retrouvons Aurélie, une amie de nos copains Chloé et Greg qui est installé ici depuis maintenant 3 ans. Elle nous accueille les bras ouverts et nous passons une partie de la matinée ensemble à discuter avant de rejoindre le musée S21.
C’est d’ailleurs Aurélie qui nous dépose en scooter, on se serre à 3 et on se met dans la peau des locaux (sauf qu’eux sont parfois 4 ou 5 et que nous on est trop grands).
S21, un gros choc émotionnel
S21, c’est une ancienne école qui a été transformée en prison et centre de torture pendant régime de terreur des khmers rouges. En arrivant, on entre d’abord dans un paisible jardin dans lequel les manguiers côtoient les arbres en fleurs et les chats, sur le moment on a du mal à croire que de telles horreurs ont pu être commises ici…On ne va pas tout vous raconter car c’est assez difficile de mettre de mots là-dessus et que nous en avons encore des frissons mais pour résumer, le musée retrace une partie des quelques années de terreur du régime des khmers rouges.
Le Cambodge était, à cette époque, bombardé par les américains et ces derniers ont réussi à les faire fuir. Leur arrivée au pouvoir annonçait donc initialement la fin d’un conflit et non le début d’un génocide. Mais quelques heures après leur arrivée à Phnom Penh, les soldats ont commencé à donner l’ordre d’évacuer la capitale en prétextant de futurs bombardements ennemis. Il s’agissait en réalité du début de l’application d’une politique communiste totalitaire et utopiste dont le chef Pol Pot était à la tête du parti de Lanka. La capitale ainsi que les autres villes du pays ont été vidées en à peine 3 jours et les habitants envoyés dans des camps de travail à la campagne. Ceux qui refusaient de partir était exécutés sur-le-champ, ils ont rapidement été suivis par tous les intellectuels et professions libérales (médecins, avocats, enseignants…). À ce moment, le fait même de porter des lunettes pouvait vous coûter la vie.
Tout au long de la visite, on apprend que les cadres du Lanka avaient moins de 20 ans pour la majorité, il s’agissait souvent d’adolescents séparés de leurs familles et parfois même d’enfants (certains n’ont pas plus de 12 ans sur les photos). Beaucoup de ces membres des khmers rouges ont eux mêmes été arrêtés et tués à S21 par la suite. Cela en dit long sur la bêtise et l’ignorance de ces personnes…
Des milliers de personnes ont été torturés ici, que ce soir des hommes, des femmes ou des enfants. Elles étaient détenues dans de minuscules cellules, n’étaient pas alimentées et étaient torturées jusqu’à 3 fois par jour sans aucune raison. Dans ces conditions, tout le monde avouait tout et n’importe quoi, dénonçait son voisin, ce donnait lieu à encore plus d’arrestations. C’était sans fin. Certains étaient accusés d’appartenir à la CIA alors qu’ils en ignoraient même l’existence. Une partie des archives de la prison a été détruite lors de la fuite des khmers rouges mais de très nombreuses photos ont été conservées, on peut ainsi voir le visage des victimes défiler pièce après pièce. Tous ces regards effrayés, c’est extrêmement triste…
Les victimes étaient ensuite exécutées dans la banlieue de la ville à un endroit nommé les Killing Fields. Ils étaient tués les yeux bandés, à coup de barre de fer ou de pioche pour économiser les balles.
Pendant ce temps, près de 3 millions de personnes sont mortes dans les camps de travail forcé : ils travaillaient jusqu’à 19h par jour, 7j/7 avec à peine quoi manger, on parle de la disparition d’un cambodgien sur 4. Toutes les familles sans exception ont donc été touchées par ce drame historique.
Duch, le responsable de la prison, qui était un ancien instituteur, s’est livré lui même à la police à la fin de sa vie après avoir fui en Thaïlande. Il a fait appel suite à son jugement (on a du mal à croire à la sincérité de ses remords) et a été condamné à une peine encore plus grave.
Aujourd’hui le pays se reconstruit et on a du mal à imaginer ce qui s’est passé lorsque l’on voit autant de bienveillance et d’optimisme dans le regard des habitants. Nous sommes très admiratifs de leur courage et de leur résilience.
Un peu de légèreté à Koh Dach
Le lendemain on décide de se changer les idées et on part à la découverte de Koh Dach Island, l’île de la soie, qui se trouve à quelques kilomètres seulement de Phnom Penh. Il fait une chaleur de plomb et on suffoque en ville.
Nous montons à bord d’une navette qui nous emmène sur l’île en moins de 10 minutes. Arrivés sur place, on se retrouve en pleine campagne ! C’est surprenant. Les maisons sur pilotis se succèdent et laissent peu à peu place aux champs. Nous sommes dimanche et c’est le nouvel an khmer. Au Cambodge, les jeux d’eau font partie de la tradition et tout le monde s’en donne à cœur joie. Nous nous faisons arroser par des enfants le long de la route et bout d’une heure, nous sommes totalement trempés. Heureusement il fait chaud et cela fait du bien !
Au nord de l’île, nous tombons sur une pancarte indiquant une plage et décidons de nous y rendre par curiosité. Arrivés sur place, des centaines de scooters s’entassent sur un immense parking. Nous continuons notre chemin à pied et arrivons sur la plage en question. On est très loin de la plage de rêve mais les enfants et les jeunes qui sont là semblent s’amuser comme jamais ! Tous se baignent habillés et jouent à s’arroser. Nous ne restons pas et reprenons la route pour rentrer sur Phnom Penh afin de retrouver un peu de fraîcheur dans l’appartement d’Aurélie qui nous héberge gentiment. Le soir on s’offre une petite soirée Netflix, un luxe auquel nous n’avons pas goûté depuis longtemps…
Notre passage à Phnom Penh aura été bref mais riche en émotions après la visite du musée S21. Nous en avons appris beaucoup plus sur l’histoire des khmers et avons participé malgré nous aux festivités du nouvel an ! Nous reprenons désormais la route pour Siem Reap où nous avons prévu d’effectuer une retraite de yoga et de méditation pendant 6 jours.