Nous rejoignons la petite ville d’Udawalawe en fin d’après-midi et sommes accueillis dans notre guesthouse avec un délicieux jus de wood apple, un fruit typique du Sri Lanka dont le goût est légèrement acidulé.
Shehan, le fils de la famille nous fait visiter les lieux et nous donne quelques informations sur le parc national dans lequel nous allons faire un safari le lendemain. Lui et son père sont guides et connaissent le lieu comme leur poche.
En attendant, nous nous dirigeons au Elephant Transit Home, un orphelinat pour éléphants pas comme les autres puisque son objectif est de réintroduire les éléphanteaux à l’état sauvage dès leurs 5 ans. On assiste de loin au repas des petits éléphants mais en aucun cas on ne les approche, on ne les touche ou on ne peut prendre des photos avec eux. Les contacts avec les humains sont limités au maximum afin de protéger leur état sauvage et de mettre toutes les chances de côté pour qu’ils retrouvent le chemin de la jungle. Ils vivent dans une zone délimitée mais ne sont pas attachés.
C’est pour cette raison que nous avons décidé de nous y rendre. Il est très important pour nous de ne pas mettre en danger les animaux que nous rencontrons, nous avons donc fait très attention au choix du parc et aux conditions de traitement des animaux. Le petit billet qu’on donne à l’entrée pour assister au repas permet d’aider le centre à acheter le lait dont les éléphanteaux ont besoin et à les soigner.
Les hostilités sont lancées à 18h pile ! Pendant plus de 20 minutes nous voyons les éléphanteaux défiler, certains sont tous petits et sont un peu perdus (le plus jeune a seulement 3 mois) alors que d’autres ont déjà leurs habitudes.Ils se dirigent à la queue leu leu auprès des soignants qui leur distribue le lait à l’aide de biberons géants et d’entonnoirs. Certains essaient de tricher et d’y retourner mais c’est sans compter sur la vigilance de leurs protecteurs. Une fois le lait englouti (cela dure moins d’une minute pour chacun), ils se nourrissent de feuilles qu’ils entortillent autour de leur trompe.Ils sont 42 à être pris en charge dans le centre en ce moment, tous sont des orphelins dont les parents ont été tués dans la région. L’un des soignants avec qui nous parlons à la fin nous explique que des gardes protègent les parcs naturels et les forêts autant que possible, mais que les parties limitrophes de la jungle sont très difficiles d’accès et c’est ici que les braconniers agissent. Chez les éléphants d’Asie, seuls les mâles ont des défenses et ils n’en sont pas tous pourvus : cela représente 78 éléphants seulement dans le parc d’Udawalawe sur les 400 qui sont hébergés.
Nous sommes une petite trentaine à être présents ce soir là, dont beaucoup de locaux. Les petits enfants présents sont aux anges et lancent des « bye bye » aux éléphants en partant, entre bébés on se reconnaît…;) Cette initiative est aussi très positive dans la mesure où elle sensibilise les habitants sur place aux conditions de vie des éléphants et leur apprend la bonne attitude à adopter.
En rentrant nous dégustons un des meilleurs rice and curry préparé par la maman de notre guest house. Les femmes ici sont de vrais cordons bleus !Le lendemain, réveil à 5h et départ dans la foulée pour le parc national d’Udawalawe. Il faut très chaud la journée et il faut arriver tôt pour avoir la chance d’observer les animaux. C’est la saison creuse en ce moment et nous avons la Jeep pour nous 2, le grand luxe car on peut changer de place autant qu’on veut pour prendre des photos.Nous longeons l’un des lacs de la réserve naturelle et admirons le soleil se lever, la région est très aride et on se croirait en Afrique à certains moments.Au total le parc s’étale sur 31 800 hectares et accueille plus de 400 éléphants. Cinquante personnes y travaillent quotidiennement, même si elles ne sont pas en contact direct avec les animaux.
Dès les premières minutes, nous croisons une maman éléphant avec ses petits. Nous nous arrêtons quelques instants… Les mamans vivent en groupe avec les petits alors que les mâles vivent seuls à partir de leurs 10 ans. Ils passent leur temps à manger et à boire : en moyenne ils ingurgitent 150 à 200 kg de nourriture par jour et 150 litres d’eau. Il faut avoir un sacré estomac… Les adultes ne dorment que 4h par nuit, et encore ils dorment debout !En plus des éléphants, le parc accueille quantités de magnifiques oiseaux : des piverts, des bee-eaters (de sublimes oiseaux aux plumes bleues), des paons, des aigles…Nous avons beaucoup de chances ce matin et pouvons observer plus de 30 éléphants tout au long de notre expédition. À un moment on s’arrête car notre guide a repéré un grand mâle au loin au milieu des arbres. Au fur et à mesure, celui-ci se rapproche de nous jusqu’à ne plus se trouver qu’à quelques mètres de la jeep. Nous restons silencieux et faisons le moins de gestes possibles pour ne pas le perturber, nous repartons tous chamboulés par ce grand moment de grâce.Nous nous dirigerons ensuite vers un étang plus loin et apercevons des crocodiles. À cette heure là ils dorment encore donc ils ne sont pas dangereux. D’ailleurs cela n’a pas l’air de perturber les buffalos et autres oiseaux qui pataugent tranquillement dans l’eau à quelques mètres de là. De notre côté, on ne tentera pas la baignade.En fin de matinée, nous apercevons un groupe de mamans et de bébés éléphants en train de jouer dans l’eau. C’est une sacrée fiesta, ça se laisse tomber dans l’eau de tous les côtés, ça s’arrose… Il y en a toujours un ou deux qui montent la garde en attendant, histoire de vérifier qu’aucun prédateur n’est dans les parages.On croise aussi des biches, des iguanes, des varants et des singes. La vie sauvage est incroyable ici !Nous rentrons en fin de matinée et avons droit à un délicieux petit déjeuner sri lankais préparé maison : des crêpes fourrées à la noix de coco et au miel, des coconut roti (sortes de beignets dont la pâte est faite à base de farine et de noix de coco), des fruits, des egg hoppers… On a l’impression qu’ils cherchent à nous faire grossir parfois car on pourrait nourrir une famille entière avec tout ça !
Nous quittons Udawalawe sous la pluie pour rejoindre la région montagneuse d’Ella.