Nous arrivons à Copacabana après plus de 24h de voyage : 7h de bus pour rentrer de Colca, puis 6h de bus de nuit d’Arequipa à Puno et enfin 4h de Puno à Copacabana (et bien sûr les temps d’attente entre 2).
Nous profitons de l’escale à Puno pour liquider nos dernières soles péruviennes dans une tienda, on est des touristes bien organisés, il nous reste de quoi faire le bonheur de la grand mère propriétaire de cette tienda : un paquet de cigarettes, deux grandes bouteilles d’eau, un mars et on repart. On se dirige vers le bus et là, surprise, une nouvelle taxe ! C’est celle de la gare qui accueille notre compagnie de bus. Pourquoi ne pas l’inclure dans le billet nous direz-vous ? On n’aura jamais la réponse à cette question j’imagine. Ce n’est que 2 soles chacun mais nous n’avons plus rien… Panique à bord, on court retrouver la grand mère de la tienda pour lui revendre nos Mars. Dépitée mais souriante elle accepte le remboursement, plus rapidement qu’à la Fnac.
Au cours du dernier trajet, nous passons la frontière bolivienne et c’est une expérience à part ! La traversée se déroule en plusieurs étapes.
Étape 1 : le bus s’arrête dans un bureau de change, c’est à dire une sorte de tienda qui vend des sandwiches et échange en même temps des dollars et des bolivianos, avant d’arriver à la frontière.
Étape 2 : tout le monde descend du bus afin de faire tamponner sa date de sortie de territoire par les autorités péruviennes. Ça ne rigole pas, on passe chacun son tour et les sourires sont à ranger au placard (on ne sait jamais, ça pourrait passer pour une tentative de corruption).
Étape 3 : on franchit la frontière à pieds alors que le bus la traverse tout seul de son côté, et on refait la queue mais du côté autorités boliviennes cette fois-ci ! Le poste de contrôle se situe entre un stand qui vend des chips et un autre qui vend des sodas, c’est original…
On s’acquitte en même temps du droit de douane pour rentrer dans la ville de Copacabana, dont le prix est de 4 bolivianos (soit à peu près 2 soles). On est juste, juste, la femme du bureau de change rigole lorsqu’on lui dépose nos centimes de soles. Nous voilà prévenus, garder quelques pièces s’avère indispensable.
Voilà, la frontière est maintenant derrière nous et on se remet vite en route pour Copacabana.
La petite ville de Copacabana se situe sur les bords du lac Titicaca du côté Bolivien. Elle est construite en hauteur et offre une vue magnifique sur le lac et les îles situées au large.
Jour 1 : découverte de Copacabana
Forcément nous n’étions pas au mieux de notre forme après nos 3 jours de trek à Colca et un aussi long voyage, mais nous avons quand même pris le temps de nous promener et d’admirer la vue en arrivant sur place.
Après un déjeuner pas bon du tout (la réputation de la cuisine bolivienne est véridique) sur le bord du lac, direction la place de l’église. Elle est étonnamment grande pour une si petite ville, et plutôt jolie. Nous n’avons pas pu prendre de photos à l’intérieur car c’était interdit mais 2 styles cohabitent : dans le fond de l’église, on trouve un mélange de voûtes toutes blanches et d’autres très colorées, alors qu’au niveau de l’hôtel ce sont des dorures à n’en plus finir et des tableaux d’inspiration espagnole. Le mélange des 2 est assez étonnant. Une 2ème salle s’ouvre au fond de l’église et rassemble des dizaines de statues de saintes vénérées dans toutes l’Amérique du Sud. Chacune à son domaine d’attribution : la Santa des jeunes, la Santa de la nativité, celle qui s’occupe des malades… Nous n’avons pas l’habitude de voir autant de dévotion en France.
En sortant de l’église, nous assistons à une scène de vie du village : un match de football entre 2 équipes de femmes. Elles jouent avec leurs longues jupes traditionnelles et leurs nattes, c’est un sacré spectacle. Leurs maris et leurs enfants les encouragent et elles se donnent à fond.
Nous prenons ensuite la direction du camino Calvario, il s’agit du chemin qui mène en haut de la petite montagne dominant la ville. Heureusement ce n’est pas tant le calvaire que ça et nous arrivons là-haut en 20 minutes. La vue est sublime, on domine tout : la ville sur la gauche, le lac en face et le reste de la côte à droite. Les reflets du soleil sur le lac lui donnent des airs de peinture à l’huile. Sur la crête de la montagne, de petites chapelles ont été construites et contribuent à rendre le paysage encore plus solennel.
Nous rencontrons 2 argentins là haut, qui viennent de passer 3 mois en Bolivie. Cela nous paraît énorme mais ils semblent être ravis de leur séjour ici. On s’échange des conseils sur l’Argentine et le Pérou, c’est vraiment chouette toutes ces rencontres imprévues.
Il fait nuit tôt et nous sommes très fatigués alors nous ne traînerons pas ce soir là.
2ème jour : à l’abordage d’Isla Del Sol
Aujourd’hui nous partons pour Isla Del Sol, une des îles au large du lac Titicaca. Il en existe 2 principales du côté bolivien, Isla Del Sol et Isla de la Luna. Les noms nous font déjà rêver… Départ à 8h30 à bord d’un petit bateau à moteur. Le trajet dure 1h30, on profite de la vue donc cela passe assez vite.
À peine un pied posé au sol, nous nous faisons alpaguer par les anciens de l’île qui nous demandent de payer la taxe de séjour. Nous avions déjà dû en payer une en arrivant à Copacabana et aurions préféré le savoir à l’avance…
Isla Del Sol est une île pleine de relief et il nous faut monter pendant 30 minutes afin de rejoindre notre auberge. Nous avons réservé une nuit ici afin de profiter au maximum des paysages et des ballades à faire (le dernier bateau part à 16h ce qui aurait fait un peu juste en arrivant à 10h).
Nous sommes récompensés de nos efforts arrivant à notre auberge. Nous nous trouvons tout en haut de l’île (à plus de 4 000 m d’altitude) et avons une superbe vue sur le lac. La vue depuis notre chambre est tout aussi magnifique.
Nous nous posons sur la terrasse pendant 1h afin d’en profiter. La gérante de l’auberge s’appelle Alicia, elle me fait remarquer que nos prénoms se ressemblent (elle est perspicace). Elle est dans le jardin et s’occupe de la lessive avec une autre femme alors que leurs enfants jouent à côté. La lessive se fait encore à la main ici, 5 grosses bassines remplies d’eau sont disposées par terre : les 2 premières servent au lavage et les 3 suivantes au rinçage. Les enfants les aident entre 2 parties de cache cache.
Pour le déjeuner nous nous dirigeons vers un petit restaurant dont la terrasse donne sur l’autre côté de l’île. Le cadre est très agréable mais nous allons avoir quelques difficultés à être servis. La serveuse ne parle ni anglais, ni espagnol (seulement un dialecte local), un peu gênant lorsque l’on travaille dans ce genre d’endroits… Au bout de plus d’une heure d’attente et alors que j’attends toujours mes tartines, elle refuse de nous apporter de la confiture. Selon elle, il n’y en a plus dans le restaurant (elle avait dit oui 10 minutes plus tôt pourtant). Fabien a eu sa confiture, il a demandé si c’était juste pour lui ou pour nous deux. La serveuse a bien répété : « c’est seulement pour un ». La pauvre n’avait pas tous les fils de connectés là-haut. Fabien surnomme cet incident le « marmelade gate »… On est frustrés puis on rit de nous, pauvres européens perdus sans leur confiture matinale. Décidément la vie n’est pas un long fleuve tranquille.
Nous partons ensuite à la découverte de l’île. Seule une partie est ouverte au public en ce moment, la partie nord est fermée depuis plus de 6 mois suite à des conflits entre les 7 frères de l’île. Ils voudraient tous récupérer les recettes de la taxe locale et n’arrivent pas à se mettre d’accord sur son partage. Nous ressentons en effet que l’argent est très important ici et que tout se joue autour de cela. En tant que touristes on se sent un peu comme une dinde le soir de Noël.
Le long du chemin on croise de nombreux moutons, dont des nouveaux nés, ainsi que des ânes et des alpacas. Fabien prend une photo d’un beau vicuña blanc et on voit soudain un grand père surgir d’un fourré. Il le poursuit en lui réclamant de l’argent et à l’air en colère. Ici tout est prétexte à gagner de l’argent, on nous demanderait presque de payer pour respirer l’air de l’île… C’est dommage car cela ne donne pas envie d’aller vers les gens.
Nous continuons notre promenade en laissant le grand-père vociférer derrière nous. La végétation se marie avec le bleu du lac et du ciel, et les reflets du soleil font scintiller l’horizon. Nous marchons tranquillement et prenons le temps de nous arrêter sur la route : sur un banc au sommet de l’île, sur un ponton au bord de l’eau…
Et pour clore la journée en beauté nous assistons au coucher de soleil depuis le point le plus élevé de l’île. Un mirador a été installé dans de vieilles ruines et quelques personnes attendent déjà. Pendant une demi heure, nous allons voir les nuances du ciel changer et le soleil descendre au loin dans les montagnes. Un moment majestueux.
Nous dînons tôt (à 19h), et c’est toujours le même plat au menu : riz, frites et omelette ou poulet/truite. Vivement que cela change ! Sur le chemin du retour nous croisons un orchestre local qui déambule dans les rues afin de partager sa musique.
Jour 3 : derniers instants à Isla Del Sol et retour à Copacabana
Le petit déjeuner à été préparé par Alicia et nous est servi dans le restaurant de l’auberge, avec vue sur la baie du lac. Nous partons ensuite explorer l’autre partie de l’île que nous n’avions pas eu le temps de visiter la veille. Nous empruntons d’abord le chemin qui mène le plus au nord, mais sommes rapidement arrêtés par un couple en compagnie d’un vieux monsieur. Ils nous expliquent que la zone autorisée au public se termine car on pénètre ensuite dans le territoire en conflit.
Nous restons un moment à admirer la vue de ce côté et à écouter un berger jouer de la flûte de pan. C’est relaxant, autant pour ses moutons que pour nous.
Fabien part ensuite en excursion sur une plage alors que je reste à l’attendre au soleil. Il revient avec des os d’animaux trouvés sur le chemin… et tente de m’en faire cadeau.
Nous faisons une dernière pause en terrasse avant de reprendre le bateau pour Copacabana. Le reste de la journée sera peu productif, je suis victime d’une 2ème intoxication alimentaire et ne suis pas très en forme.
Pour le dernier soir, nous décidons de dîner dans le seul restaurant de la ville qui propose des plats différents. Fabien se régale de fajitas, moi je tente difficilement d’ingurgiter de la purée. Le lendemain, départ pour la Paz à 4h de route. Nous avons prévu d’y faire une halte assez rapide.
Ce qui nous a marqué au Lac Titicaca :
Les nuances de couleur du lac en fonction du soleil et des nuages
L’étendue du lac, on croirait une vraie mer ! On ne distingue même pas les bords à certains côtés.
L’altitude : on se demande comment il est possible qu’un si grand lac se soit formé à plus de 4 000 m au-dessus du niveau de la mer.
Les taxes incessantes et l’attitude des locaux avec les touristes, ce n’est pas une situation très agréable.
Le calme qui règne sur l’île.