El Chalten : trekking, retrouvailles et happy hour !

Depuis Bariloche, nous longeons la route 40 pendant 25h avant de rejoindre El Chalten. C’est le plus long trajet que nous ayons fait jusqu’à présent : le départ est prévu à 6h30 du matin pour arriver à 7h le jour d’après.Nous avons réussi à avoir les 2 places de devant au 1er étage (celles avec une vue panoramique) afin de profiter du paysage et nous avons bien fait ! Les paysages qui défilent changent toutes les 4h, on passe des vallées en fleurs aux forêts, puis des déserts habités par des chevaux sauvages aux lacs surplombés de monts enneigées. Finalement le temps passe plus vite que prévu, il faut dire qu’après l’expérience « Las Grutas » c’est le grand luxe ici !

On se met à l’aise
Route 40 #1
Route 40 #2
Route 40 #3
Route 40 #4

Le village d’El Chalten se situe entre Bariloche et El Calafate, au milieu du parc national des glaciers. C’est un lieu privilégié pour le trekking et aussi le point d’accès au renommé Mont Fitz Roy.

Jour 1 : arrivée à El Chalten et premiers kilomètres
En sortant du terminal de transport nous tombons sur le panneau de bienvenue de la ville. Il précise qu’El Chalten est la capitale nationale du trekking, ça annonce la couleur. Il fait assez frais, quelques gouttes tombent mais le ciel à l’air assez dégagé.

El Chalten, capitale du trekking
On dirait qu’il y a des français par ici…

Après avoir déposé nos affaires à l’hôtel et pris un bon petit déjeuner, nous nous dirigeons vers le centre d’accueil des parcs nationaux. En chemin nous croisons des groupes entiers de randonneurs, tous équipés de grosses chaussures et de bâtons. Nous sommes au bon endroit !
Le centre des parcs nationaux est un passage obligé pour tout trekker qui se respecte, là on échange avec des guides de montagne sur les conditions météo des prochains jours, on prend des conseils et informations sur les distances et l’altitude des différents sentiers et on récupère un plan. Ce plan sera notre bible pour les 4 prochains jours, il passera des mains de Fabien aux miennes, de nos poches de Kway à notre sac à dos, des tables de bars à notre table de chevet…
Nous arrivons au bon moment, les prévisions météo pour la semaine sont plutôt optimistes, même si on sait qu’en montagne le temps peut changer toutes les heures.

Pour aujourd’hui, nous décidons de faire light. Avec la fatigue du trajet on ne se voit vraiment pas se lancer dans une grande randonnée (enfin ça c’est sans compter sur Fabien). À quelques kilomètres du centre se trouvent 2 miradors : le mirador de Los Cóndores et celui de Las Aguilas. Le premier surplombe le village d’El Chalten alors que le 2ème donne sur le lac Viedma. Les couleurs de ce dernier sont sublimes, c’est un mélange de bleu laiteux avec des nuances de vert et de mauve à certains endroits.

Vue sur El Chalten depuis le mirador de Los Cóndores
Selfitz Roy
Vue sur le lac Viedma depuis le mirador de Las Aguilas

Nous avons mis moins d’1h à atteindre le second mirador et comme il est encore tôt, Fabien propose de sortir du sentier pour aller en haut de la colline qui se trouve en face de nous. Cela nous permettra d’avoir un meilleur point de vue sur le lac et les montagnes en arrière plan. Finalement d’une colline on passe sur une autre, puis encore une autre. À la fin de journée on a parcouru plus de 20 kilomètres au lieu des 4 initialement prévus…

Encore une belle vue sur le Fitz Roy
On rentre enfin !

En rentrant au village, nous croisons Clara et Wayne, que nous avions rencontrés dans notre auberge de Puerto Piramides. Eux séjournent à El Calafate et sont venus passer une journée en excursion ici. Nous nous posons en terrasse avec eux et profitons de l’Happy Hour pour goûter une bière locale. Le soleil chauffe encore à cette heure de la journée et nous sommes protégés du vent, nous nous attendions à avoir très froid en descendant dans cette région et sommes entonnés qu’il fasse si bon.
Au moment du dîner, nous optons pour un restaurant de pâtes maison. Le résultat est un peu décevant compte tenu du prix, ici on paye ses pâtes et sa sauce à part donc l’addition grimpe vite. Mais comme notre hôtel ne possède pas de cuisine, nous allons avoir l’occasion d’en tester de nombreux autres cette semaine.

Jour 2 : Laguna Torre et des bougies à souffler
Aujourd’hui nous entamons notre première journée de trek et partons à la Laguna Torre, au pied du Cerro Torre. Celui-ci doit son nom à sa forme, il se trouve à gauche du Fitz Roy et culmine à 3 102 mètres.
C’est aussi l’anniversaire de Fabien et nous sommes au parfait endroit pour le fêter étant donné qu’il adore la montagne.

Nous partons tranquillement vers 9h. Ce qui est pratique à El Chalten, c’est que tous les chemins de trek partent directement depuis le village. Pas de bus à prendre, pas de contrôle à l’entrée du parc national, bref on est libres de faire comme on veut.

Depuis notre fenêtre de chambre on aperçoit déjà les montagnes

Le début du chemin monte légèrement mais après c’est du plat. Cela nous permet d’apprécier les paysages que nous traversons. On longe d’abord le Rio Fitz Roy qui se niche au fond d’une sorte de petit canyon, avant d’arriver dans une forêt. Les arbres sont les mêmes qu’à Bariloche, c’est à dire que c’est un mélange entre des arbres qui ont l’air d’avoir été brûlés par le vent et d’autres arbres très verts. Nous guettons les cerfs (à priori certains vivent ici) mais n’en apercevons aucun.

On croise plusieurs rivières tout au long du chemin

Il y a pas mal de monde sur les chemins mais chacun va à son propre rythme donc au final on ne se retrouve jamais en groupe au même moment, à part lorsque l’on s’arrête à un mirador sur la route.
Vers 12h, après une dernière montée, nous arrivons au pied de la Laguna Torres et du Cerro Torre. L’eau est grise et un grand glacier descend de la montagne pour s’y jeter. Certains blocs de glace flottent d’ailleurs au milieu de la lagune.

Un bloc s’est détaché du glacier

Sur notre droite, le chemin continue le long de la crête vers un autre mirador. Fabien est super motivé donc on se lance. Au bout d’une heure d’efforts (oui quand même), nous arrivons au Mirador Maestri qui surplombe le glacier. Nous sommes beaucoup plus proches et pouvons admirer les détails de son relief. Le dessus est recouvert d’une petite pellicule de terre et franchement ça ressemble à un tiramisu (il est 13h et on a très faim…).

Vue sur le glacier depuis le Mirador Maestri

Nous nous posons à cet endroit pour déguster nos sandwiches préparés le matin, une tradition qui nous suit désormais depuis quelques semaines (voire quelques mois). Fabien est gâté pour son déjeuner d’anniversaire 😉

Un sandwich en forme de montagne 😉

À un moment nous sommes surpris par un renard sauvage, un zorro, qui surgit au milieu des rochers. Il s’approche lentement de nous et reste là plusieurs minutes. Fabien se transforme en paparazzi et essaie de s’en approcher. Il réussit quand même à avoir de belles photos.

Visite surprise
Un renard pas farouche

Nous repartons au bout d’une heure car le chemin du retour nous attend. Les paysages sont les mêmes qu’à l’aller donc on marche à un bon rythme. On rentre finalement assez tôt par rapport à nos prévisions, nous avons mis moins de temps que prévu. Bilan de la journée : 28 kilomètres.

Ce soir nous fêtons l’anniversaire de Fabien et avons choisi un bon restaurant. Il y a pas mal de monde en arrivant et on patiente avec une bière/un verre de vin dans le beer garden qui se trouve a l’extérieur. Fabien commande un plat typique argentin : un locro (une sorte de ragoût de viande avec des haricots blancs et du maïs). Moi je choisi un menu végétarien avec une courge butternut farcie aux petits légumes et gratinée à la mozzarella. Un régal !

Locro et courge farcie

Le restaurant se trouve dans un chalet en bois avec de grandes fenêtres donnant sur la montagne. On s’y sent très bien.

Comme dans un chalet de montagne

Un repas d’anniversaire n’en est pas vraiment un sans gâteau donc on commande une part de tarte aux pommes avec une boule de glace à la vanille pour terminer en beauté. Avant de partir, le serveur nous offre un verre de Baileys, c’est comme s’il avait deviné que c’était un jour spécial. Après ce festin nous rentrons nous reposer car une nouvelle journée de marche nous attend demain.

Soirée festive

Jour 3 : ascension vers le Fitz Roy
Aujourd’hui c’est le grand jour, nous partons en direction du Fitz Roy !

C’est parti pour le Fitz Roy !

Nous avons 12,5 km à parcourir avant d’arriver à la Laguna de Los Très, qui se trouve au pied du Fitz Roy. Les paysages le long du chemin sont assez similaires à ceux de la veille, si ce n’est qu’on aperçoit le Fitz Roy et son sommet enneigé au loin pendant tout le trajet.

On se rapproche…

Contrairement à la veille il fait assez froid (on a perdu 10 degrés en 24h) et le ciel est couvert… Nous avons pourtant attendu que les conditions météo soient les plus propices, mais comme tout le monde le répète ici : la météo est imprévisible en Patagonie. On commence à comprendre.

Vue sur le Rio de las Vueltas

Au bout de 2h30 nous arrivons au niveau du dernier kilomètre. Le temps indiqué sur la carte est de 4h, on ne comprend pas donc très bien. Jusqu’à ce qu’on arrive en bas de la dernière montée. Le dénivelé total du trek est de 750 mètres et jusqu’à présent nous avons fait beaucoup de plat. Nous allons rapidement rattraper ça !
Le chemin pour arriver là-haut est assez escarpé et sert à la fois pour la montée et la descente. Fabien se surpasse et arrive là-haut en 30 minutes. De mon côté, il me faudra 15 minutes supplémentaires.

L’arrivée au pied de la lagune est un moment assez magique. Celle-ci se trouve juste au pied du Fitz Roy et de déverse sur le côté dans un autre lac. Le bleu de l’eau est saisissant.

Au pied du Fitz Roy
Fabien face à son rêve

Le ciel se dégage au fur et à mesure et la montagne s’illumine avec le soleil. Nous sommes congelés par le froid mais restons plus d’une heure sur place à admirer ce paysage grandiose. Juste avant de repartir, nous tombons nez à nez avec Jérémy et Amin que nous avions rencontrés dans notre auberge à Puerto Madryn ! Nous sommes super contents de les revoir et en profitons pour faire la connaissance de Brieuc, qu’ils ont rencontré en chemin. On repart chacun de notre côté mais on promet de se retrouver le soir autour d’une bière.
Au retour, nous prenons un autre chemin sur quelques kilomètres pour aller voir la Laguna Capri. Contrairement à la Laguna de los Très, elle n’est pas entourée par les montagnes mais par la forêt. Sa couleur est transparente et de petites plages naturelles sont accessibles tout autour. On aurait presque envie de s’y baigner s’il faisait un peu plus chaud.

Sur les bords de la Laguna Capri

Nous arrivons à notre hôtel vers 18h, le temps de prendre une douche avant de retrouver Jérémy, Amin et Brieuc au bar. Il fait vraiment froid donc nous passons la soirée à l’intérieur, à se raconter ce que l’on a fait depuis qu’on s’est séparés la dernière fois. Jérémy et Amin sont passés par Ushuaia et sont très emballés par les paysages qu’ils ont vus là-bas. Nous avions délibérément écarté cette destination de notre parcours avant de partir par peur que ce soit peu authentique, mais à bien y réfléchir nous y passerons sûrement lors d’un prochain voyage.
On rentre dormir après beaucoup de verres et un hamburger bien gras, nous avons tous du mal à rester éveillés après cette longue journée (29 km au total).
Dehors il fait encore jour, nous sommes près de l’Antarctique et la nuit tombe après 23h. C’est une sensation assez étrange.

Jour 4 : Sendero Pliegue de Loma Tombado, le meilleur pour la fin
La fatigue physique commence sérieusement à se faire sentir… Nous accusons le coup après ces 3 jours de marche et ces nombreux kilomètres parcourus. Pendant le petit déjeuner on hésite beaucoup, il nous reste encore 2 jours sur place et on pourrait profiter de cette journée pour se reposer. Après de longues tergiversations nous décidons financement de nous lancer, le vent qui a soufflé toute la nuit s’est levé et le bleu commence à gagner le ciel, on ne sait pas de quoi demain sera fait donc il faut en profiter.
Aujourd’hui nous avons prévu de prendre le chemin de Pliegue de Loma Tombado, le plus difficile de tous : 24 km avec un dénivelé de 1 000 mètres à la fin. Selon les locaux, le chemin est plat tout du long avec une grosse montée bien raide à la fin. Je rectifie : ça monte tout du long et c’est encore pire à la fin.

C’est le cœur lourd que nous entamons cette ascension. Fabien a reçu de tristes nouvelles de sa famille en France. Nous avons décidé d’honorer la mémoire de ses deux petites nièces parties trop tôt. Notre famille nous manque terriblement dans ces moments là…

On monte. Contrairement aux autres sentiers que nous avons pris, celui-ci n’est pas aussi bien balisé et nous avons peu de repères par rapport à la distance déjà parcourue.

Champs de pissenlits

Au bout de 2 heures on est déjà bien fatigués, moi je me demande comment je vais réussir à arriver jusqu’au bout. Finalement nous arrivons à un mirador et apercevons la montée finale. En effet, ça promet… La pente est encore pire que celle de la veille et nous sommes soumis à un vent violent.

Voyez-vous la toute petite silhouette des gens là haut ? Ça en dit long…

Fabien part devant moi : dans ces moments là c’est chacun pour soi (enfin chacun à son rythme). À bout de peu de temps, je me fais dépasser par Jérémy, Amin et Brieuc. On dirait qu’on a le même planning de randonnée.
J’hésite franchement à aller jusqu’au bout mais je me remotive. La montée est très abrupte et ça glisse beaucoup car le chemin est en sable et en gravier. Le vent s’invite au milieu de tout ça, bref c’est l’éclate.
À la fin, la montée se redresse encore et le vertige me gagne. Je reste bloquée un moment avant de retrouver mes esprits, je suis toute seule sur le chemin donc je n’ai pas le choix : il faut avancer. Je croise des américains qui redescendent et me lancent un « almost there ». Ok, je fonce. Arrivée là-haut je reçois une ovation générale de la part des 4 garçons et d’autres touristes qui se sont joints à eux, quel bel accueil !

La vue pendant l’ascension
Derniers pas avant d’arriver là-haut

Fabien, qui est arrivé depuis un moment, a déjà fait des centaines de photos et ne sait plus comment faire de la place sur sa carte mémoire 😉 Il faut dire que le panorama qui s’étend devant nos yeux est d’une beauté à couper le souffle : d’un côté le Fitz Roy avec la lagune et le glacier Torre et de l’autre, le lac Argentino. Les nuances de bleu et de blanc nous font tourner la tête.

Nous mangeons notre sandwich au sommet en appréciant notre chance et en repensant à nos pauses déjeuner devant un écran d’ordinateur il y a encore 3 mois… (désolés pour ceux pour qui c’est le cas en ce moment !).

Déjeuner avec vue

Sur le chemin du retour nous sommes épuisés mais avons des étoiles plein les yeux.

Pour fêter nos exploits, on se retrouve tous en terrasse en début de soirée. Le soleil brille, la bière et le vin sont frais et nous profitons des derniers moments ensemble avant que Jérémy et Amin ne repartent prendre leur bus de nuit.

Dernière soirée tous ensemble

Nous finissons par un dîner dans un restaurant végétarien, c’est un peu plus sain que la veille et surtout délicieux.

Nous arrivons au terme de 4 jours de marche et déjà plus de 100 km parcourus, nous n’avons qu’une envie : dormir et ne rien faire le lendemain… C’est d’ailleurs ce qui va se passer.

Jour 5 : avis de tempête, repos et apéro
On se réveille avec le son du vent et de la pluie, nous n’avons jamais été aussi contents de pouvoir rester au chaud dans notre lit.
Au programme de la journée : petit déjeuner, lessive (après 4 jours de marche cela devient une nécessité) et détente. Nous avons prévu de faire une marche d’une heure afin de découvrir un énième chemin de randonnée mais en sortant de l’hôtel on a du mal à avancer tellement le vent souffle fort. On abandonne donc rapidement cette idée pour se réfugier dans un café et pendre un goûter.
En fin de journée on retrouve Olive et Pat pour un verre. Nous les avons aussi rencontrés à Puerto Madryn et on s’est croisés par hasard la veille dans la rue. Décidément ! Brieuc se joint à nous et nous passons encore une excellente soirée à parler de voyage et de nos futurs projets.

Ce qui nous a marqué à El Chalten :
⁃ L’ambiance de village de montagne qui se dégage ici.
⁃ Les paysages époustouflant que nous avons eu le bonheur d’admirer.
⁃ La nuit qui ne tombe jamais et la lumière si douce du soleil.
⁃ Les retrouvailles avec tous nos amis de Puerto Madryn, nous avons passé de super soirées pendant notre séjour ici.
⁃ Les dîners au restaurants : ce sont nos premiers depuis notre arrivée en Argentine.
⁃ La fatigue et les courbatures au bout d’une semaine de marche.

1 Comment

  1. Quelle motivation ! J’aurais certainement eu le vertige et le courage m’aurait sûrement manqué pour poursuivre l’ascension jusqu’au sommet…Mais vos efforts ont été récompensés, les paysages sont sublimes !

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