Après une journée de repos, nous enfilons à nouveau nos chaussures de trek et prenons la direction de Probbolingo en train afin de rejoindre le Mont Bromo.
Nous avons passé des heures à étudier le trajet et à apprendre comment éviter les pièges de la mafia des bemos, les taxis locaux qui prennent apparemment les touristes en otage. Il faut croire que l’on a de la chance car nous trouvons tout de suite une voiture privée que nous partageons avec 3 autres personnes pour un prix très correct.
Ça se corse un peu pendant le trajet. Le chauffeur nous dit tout d’abord qu’il doit éteindre la clim pour aller plus vite. Au bout d’une heure il s’arrête à une station essence en bas d’une côte et nous dit qu’il ne peut plus avancer, que sa voiture n’est pas assez puissante pour monter la côte. Comme s’il découvrait la route… On sent l’arnaque à plein nez et on commence déjà à se liguer contre lui, finalement nous sommes pris en charge par un habitant qui est en train de jouer aux cartes non loin de là. Le type va chercher son 4×4 et nous embarque à bord. On est un peu serrés avec les sacs à dos… c’est une vielle jeep militaire dans laquelle tout s’actionne à l’aide de boutons, même les essuies glaces. Consommation moyenne : 30 litres aux 100, mais increvable. Évidemment on roule à toute allure sur des routes sinueuses bordant des précipices et il commence à pleuvoir. Ça perdrait de son charme sinon. Nous qui étions si bavards au début du trajet laissons place à un grand silence…
En arrivant, nous nous réfugions à l’abris de la pluie dans notre chambre d’hôtel, nous sommes en altitude et il fait un froid glacial. On avale une brioche industrielle et un café froid pour le déjeuner et on attend que la pluie cesse. Le soir nous dînons dans l’un des deux seuls restaurants de la ville. Les rues sont désertes, c’est une ambiance très spéciale… Cela nous étonne beaucoup, ayant entendu que des centaines de personnes escaladaient le volcan chaque jour.
Nous avons décidé de faire cette ascension seuls afin d’éviter la foule et d’économiser de l’argent. Au contraire du Ijen, elle ne présente aucun risque étant donné que les vapeurs de souffre sont beaucoup moins fortes. D’ailleurs le lever de soleil ne s’observe pas directement depuis le volcan (étant donné que le but est de pouvoir l’admirer en même temps) mais depuis une autre montagne en face.
Le réveil sonne à 3 heures et on prend la route à 3h30, équipés de nos torches d’iPhone (on a oublié de changer les piles de nos lampes frontales, après 8 mois de voyage tout commence à tomber en rade…). C’est assez étrange d’avancer dans le noir comme ça, sans vraiment savoir où l’on va. Pendant une heure nous longeons une route, on ne croise personne à part quelques locaux qui nous proposent de nous emmener là-haut en scooter contre de l’argent. Ensuite on atteint une plateforme à partir de laquelle se dessine un chemin de terre, à ce moment là nous sommes plus nombreux et montons les uns derrière les autres. Le chemin est étroit et glissant. D’ailleurs il commence à pleuvoir… C’est mal parti pour le lever de soleil. Nous continuons à monter mais sommes gagnés par la déception… Une fois là-haut nous attendons près d’une heure. Le ciel s’illumine peu à peu mais un épais manteau de brouillard nous cache la vue. On ne voit rien, on n’arrive même pas à savoir dans quelle direction se trouve le Bromo…. À certains moments, des bourrasques de vent soulèvent les nuages mais ils reviennent aussitôt après et ne nous laissent aucune chance d’apercevoir quoi que ce soit. Nous commençons à avoir sérieusement froid et nous résignons. Il est 7h et nous avons faim, on redescend au village afin de prendre un petit déjeuner.
Nous découvrons le chemin pris à l’aller de jour et sommes surpris par la beauté de la région : de hautes montagnes vertes enveloppées de brume se dressent devant nous, elles sont recouvertes de plantations en tout genre : oignons, choix, poireaux… On se demande d’ailleurs comment les habitants font pour les récolter, tant les flancs des montagnes sont en pente. Ils sont déjà au travail à 7h du matin, aussi bien les jeunes que les aînés de plus de 70 ans….De retour au village nous faisons la connaissance de Mélodie et Jean, un couple de voyageurs aussi en tour du monde, nos parcours se ressemblent beaucoup et on passe un long moment à discuter et à se raconter nos voyages. On promet de se revoir à notre retour à Paris cet été 🙂
Le plan initial après le petit déjeuner c’était de traverser la caldeira et de partir escalader le Bromo. Sauf que nous n’avons pas pu admirer la vue sur le Bromo et que c’était ce qui comptait le plus pour nous. Vers 9h le temps se dégage et on décide de retenter notre chance. On se retape donc cette charmante montée d’1h30 afin d’atteindre un point de vue. Cette fois-ci nos efforts ne sont pas vains, le ciel est clair et on profite d’une magnifique vue sur le Bromo et la mer de cendre qui s’étend à ses pieds. Un nuage de fumée s’échappe du volcan, il est encore actif même si les alertes sont peu nombreuses.On se dépêche ensuite de redescendre pour reprendre un bus en direction de la gare. Évidemment il est déjà parti et il faut attendre 3h avant le prochain, ce qui nous ferait rater notre train. Nous rencontrons alors Mel et Craig, un couple d’anglais dans la même galère que nous. Nous réussissons à trouver un chauffeur et négocions le prix, ça passe rapidement de 400 000 à 250 000 roupies ici, disons qu’ils se prennent une légère marge de sécurité…
Nous discutons pendant un long moment avant l’arrivée de notre train et partageons nos ressentis sur l’Asie et les derniers pays visités. Dans le train nous faisons aussi la connaissance de Joe, un indonésien de 22 ans qui finit ses études et donne des cours d’anglais à des élèves plus jeunes. Décidément, c’est la journée des rencontres ! Il nous raconte qu’il apprend aussi l’allemand et le japonais… On se sent un peu limités à côté 😉
Le soir on s’écroule dans notre lit et même les prières incessantes des mosquées aux alentours (on découvre le Ramadan) ne parviennent pas à nous réveiller. Nous avons fait plein de belles rencontres inattendues pendant ces 2 jours, la fatigue et les efforts en valaient vraiment la peine !